Cette semaine le destin d’Alstom est au cœur de l’actualité pour 4 raisons :
- Le procureur de Paris est saisi au sujet de la régularité de la vente de la branche énergie d’Alstom à General Electric en 2014 et plus particulièrement sur le rôle d’Emmanuel Macron dans cette opération (lire l’article du figaro) ;
- General Electric annonce la suppression de près de 500 emplois sur l’ancien site d’Alstom à Belfort racheté en 2014. (Lire l’article de Libération) ;
- Des études montrent que la fusion d’Alstom et Siemens aurait pour conséquence la suppression de 4000 emplois en France (Lire l’article d’Usine Nouvelle) ;
- La Commission européenne émet des réserves sur ce projet de fusion (Lire l’article d’alternatives économiques)
Le destin d’Alstom est actuellement entre les mains de la Commission européenne qui doit statuer sur la proposition de fusion qui lui a été transmise par Siemens et Alstom avant la fin du mois de février. Margareth Vestager s’apprêterait à refuser la fusion Alstom Siemens au motif qu’elle mettrait en péril les concurrents européens et qu’elle donnerait à ce nouveau conglomérat la capacité à définir les prix des fournisseurs.
Pour une fois, le culte déraisonnable de la Commission européenne pour la concurrence libre et non faussée aura une conséquence positive. En effet, cette fusion n’a rien d’une alliance à armes égales. Elle est une véritable annexion par Siemens. Elle met en danger des milliers d’emplois, déjà menacés par le dépeçage opéré par General Electric lorsque cette entreprise a racheté la branche énergie d’Alstom.
Une annexion d’Alstom par Siemens conduirait à la traditionnelle suppression des emplois qui sont des « doublons » et à un massacre industriel. Elle met en péril l’indépendance nationale de la France et le Made in France qui est plus que jamais un enjeu. En effet, Alstom est un des principaux fournisseurs qui garantit la qualité des infrastructures françaises. Nous ne pouvons tolérer de perdre un tel levier pour la politique industrielle, territoriale et énergétique de la France. Dans le cadre de la transition écologique que nous appelons de nos vœux, Alstom serait en première ligne pour changer radicalement la façon dont nous circulons sur le territoire. Cette entreprise doit nous permettre d’inventer de nouveaux modes de transports neutres en émissions de gaz à effet de serre, et d’améliorer ceux qui existent actuellement.
Le carnet de commande d’Alstom est plein et l’activité est pérenne. Rien ne justifie une telle décision qui soumettrait un peu plus notre appareil industriel à celui de l’Allemagne. La Chine n’est qu’un épouvantail pour mieux faire passer un énième renoncement de nos élites. Si on veut contrer la Chine, alors c’est un protectionnisme européen qu’il faut mettre en place, et ne pas accepter la loi de la jungle du libre-échange généralisé. Sur ce dossier, comme sur tant d’autres, le gouvernement fait fausse route.
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