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 Présidence Française de l’Union européenne : beaucoup de com’, quelques avancées et des échecs

Engagé sur les chapeaux de roue le 1er janvier 2022, cet exercice diplomatique a donné lieu à une valse de réunions marathon censées marquer l’Europe de l’encre indélébile du macronisme. Il s’agissait d’affirmer « l’Europe puissance » en la dotant d’une « boussole stratégique » et de faire avancer des dossiers sensibles comme le numérique ou la transition écologique. Force est de constater que 6 mois plus tard, il y a loin de la coupe aux lèvres.
 
En lançant sa guerre contre l’Ukraine, c’est Poutine, et pas Macron, qui a décidé du sort de « l’Europe puissance » : nous sommes durablement repassés sous supervision américaine. Les tentatives de Macron, assisté par Scholz et Draghi, de s’engager sur la voie d’un cessez-le-feu ont toutes échoué. Il en va de même, jusqu’à présent, des sanctions : après six « paquets » promptement élaborés par le tandem Macron-Von der Leyen, rien ne semble entamer la détermination meurtrière de l’impérialisme Grand russe, dont les créances pétrolière et gazière à notre égard se sont envolées.

Sur la scène intra-européenne, des évolutions incontestables, bien qu’imparfaites, ont marqué ces six derniers mois. L’adoption des règlements sur les services digitaux (DSA) et sur le marché numérique (DMA) témoigne ainsi d’une volonté commune de peser davantage sur l’économie. Des textes plus contraignants sur le libre-échange ont également été votés, pour contrôler les subventions étrangères et l’accès à nos marchés publics. Sur le climat, le Parlement a approuvé dans la douleur un nouveau train de mesures, dont un (timide) ajustement carbone pour taxer les émissions de CO2 contenues dans les importations.

Mais Macron n’a été ni l’initiateur ni le chef d’orchestre de ces réformes, qui ont été travaillées pendant des mois par le Parlement, et que le Conseil sous présidence française n’a guère améliorées.

Le président a en revanche moins bavardé sur ses échecs retentissants. Le projet de taxe minimale de 15% sur les bénéfices des multinationales est bloqué et l’absurde marché de l’électricité reste indexé sur le cours du gaz, empêchant les Français de profiter des bas prix du nucléaire. La com’ élyséenne s’est également montrée discrète sur la conclusion imminente d’un accord commercial avec la très lointaine Nouvelle-Zélande. L’Union européenne s’apprête à lui acheter des denrées agricoles (lait, ovins) qui voyageront 18.000 km et détruiront nos propres filières.

Enfin, l’Europe demeure complètement figée face à la menace de la stagflation (forte inflation et croissance en berne). Alors que la plupart des États-Membres subissent les mêmes difficultés – hausse des prix des biens de premières nécessité, chute du pouvoir d’achat, pénuries de main d’œuvre, endettement post pandémie… – personne, ni la Commission, ni le Conseil, ni sa présidence tournante n’ont à ce jour proposé de sortie de crise. Au contraire, les critères de Maastricht et du traité budgétaire reviennent en force, annonçant de sévères cures d’austérité.

La Présidence française de l’Union européenne nous laisse, à l’instar des précédentes et probablement des suivantes, un goût d’inachevé. Macron parle beaucoup et ne manque pas d’idées, mais ses initiatives et sa conduite des affaires manquent de profondeur. Cette présidence ne restera pas dans l’Histoire grâce à Macron, mais à cause du retour de la guerre sur notre continent.
 

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