Au Parlement européen, les eurodéputés de tous pays confondus sont régulièrement contraints de travailler sur des dossiers en anglais et la crise sanitaire n’a fait qu’accentuer les délais de traduction. Depuis des années, Emmanuel MAUREL proteste contre ce procédé arbitraire et contraire à la logique de l’Union. L’abandon progressif de la langue française lors des échanges et des travaux européens est d’autant plus regrettable que le français est l’une des trois langues de travail de la Commission européenne, avec l’anglais et l’allemand.
La crise que nous traversons montre l’impérieuse nécessité pour notre pays de reconquérir notre souveraineté industrielle et économique. Cette reconquête passe également par la place qu’occupe la langue française dans le monde.
En effet, le processus d’américanisation ambiant est particulièrement palpable à l’échelle mondiale, il menace les cultures et les langues nationales, et met à mal les souverainetés européenne et française.
La présidence du Conseil de l’Union européenne sera française à partir de janvier 2022. D’ici là, le gouvernement doit s’engager sur de réelles solutions afin d’accentuer la promotion de la francophonie à travers le monde.
Encore trop fréquemment le gouvernement français communique en anglais pour des évènements qui se tiennent exclusivement en anglais. « Cette décision est tout à fait regrettable et traduit bien la configuration idéologique dans laquelle se trouve le pouvoir exécutif. En agissant de la sorte, le Gouvernement acte une fois de plus son renoncement à faire de la France et cette fois particulièrement de la langue française, jadis incontournable, un acteur clé de la diplomatie internationale. » Souligne Emmanuel MAUREL.
Pire encore, le Gouvernement installe aujourd’hui le groupe de travail « Francophonie / Europe » et dans le même temps, il présente la nouvelle carte d’identité nationale dont les différents intitulés sont traduits en anglais. Une fois encore c’est une décision contraire à la défense de la francophonie que la France devrait pourtant assurer au premier chef et d’autant plus sur une carte nationale d’identité. La présence d’une langue étrangère sur un document d’identité nationale est une honte.
Ces procédés ne sont pas anecdotiques. Il révèle une forme de soumission à la configuration idéologique dominante. En agissant de la sorte, le Gouvernement acte un nouveau renoncement, sans doute involontaire, inconscient (à tous les sens du terme) mais tellement révélateur, à faire de la France et de sa langue des éléments essentiels de la diplomatie internationale et du concert des Nations.
La promotion de la francophonie à l’étranger doit avoir les moyens de ses ambitions.
La francophonie peut compter sur l’Alliance française pour appuyer son rayonnement à l’international. Ce réseau est le plus important réseau culturel, éducatif et linguistique au monde. Il est implanté sur les cinq continents dans plus de 130 pays et accueille aujourd’hui plus d’un demi-million de personnes dans ses centres afin d’enseigner le français, de promouvoir la culture française et francophone et de défendre la diversité culturelle. Mais ce réseau est actuellement en danger. La fermeture de ses établissements pour cause de pandémie a pu faire craindre une désaffection pour ces lieux. Aujourd’hui ces établissements doivent se réinventer et notamment en mettant en place une offre digitale afin de continuer de promouvoir la culture française et francophone. Le Gouvernement doit accompagner cette transformation.
L’autre grand atout de la francophonie dans le monde est la présence des lycées français sur tous les continents. Le réseau d’enseignement français à l’étranger rassemble plus de 535 établissements scolaires, implantés dans 139 pays, qui scolarisent près de 370 000 élèves dont 40 % sont Français et 60% d’autres nationalités. Tous ces établissements sont homologués par le ministère de l’Éducation nationale mais la crise sanitaire a là aussi mis à mal leur fonctionnement.
Dans les lycées français de l’étranger, la rentrée des classes s’est déroulée dans une certaine fébrilité, sur fond de crise sanitaire mais aussi, plus généralement, de revendications financières. En effet, l’enseignement dans ce type d’établissement a un prix que beaucoup de familles ont dû prendre en charge alors que leurs enfants n’ont pas fréquenté l’école, et n’ont pas eu cours à distance notamment pour les maternelles. Des réductions de tarif ont parfois été demandées, mais elles ont peu souvent été accordées par les établissements. Ces derniers font savoir que leurs postes de dépenses restent rigoureusement les mêmes. Malgré des aides de l’État pour moitié sous forme de bourses accordées aux familles en difficulté financière, certains établissements se trouvent fragilisés.
Amoureux, défenseurs de la langue française ou simples citoyens, élus ou responsables gouvernementaux, il est urgent de marteler notre message et d’apporter tout notre soutien à cette noble cause.
Hélas, certains, jusqu’aux plus hauts niveaux de l’État, ne semblent pas en avoir bien intégré les exigences.