Symbole de l’impéritie navrante de nos dirigeants, le bradage de ces acteurs essentiels à notre autonomie est inquiétant. Car malgré le cri du cœur de députés de toute sensibilité, le gouvernement, qui s’en était tenu à une maigre conditionnalité (une rétrocession de 10% du capital à un fonds d’investissement agréé par l’État qui ne gênera en aucun cas le pillage insidieux de nos savoir-faire) pour Latécoère, a modestement appelé à une prise de participation de Thalès et de Safran dans le capital de Photonis pour y maintenir une présence tricolore. Peine perdue. Sauf surprise, les seuls protagonistes en liste pour racheter ce fleuron seront américains. Le gouvernement s’honorerait enfin en bloquant cette vente grâce au décret dit « Montebourg » qu’il vient d’élargir. Les dispositions juridiques existent, il est encore temps de les appliquer. Qu’est devenu le « gaullo-mitterrandisme » prôné par le candidat Macron ? Refuser dogmatiquement, ou par veulerie, la notion même de nationalisation d’entreprises stratégiques est une erreur. En préférant plutôt célébrer, sur l’autel de l’interopérabilité et de l’alignement désuet à l’OTAN, une « lune de miel opérationnelle » avec le Pentagone ; le gouvernement se prive malheureusement d’une arme nécessaire pour préserver notre indépendance diplomatique et militaire.