Après les élections européennes : « Dorénavant c’est comme avant ! »

Les chefs d’Etat et de gouvernement européens se sont mis d’accord cette semaine sur les noms des principaux dirigeants des institutions de l’Union. 

Le résultat était couru d’avance : au terme d’interminables conciliabules, le Conseil accouche d’une navrante combinazione, à des années lumières des préoccupations des Européens.

Quelques pâles figures, périmées ou décriées dans leur propre pays, font office de projet politique. La droite allemande obtient le poste de présidente de la Commission : c’est la ministre de la Défense d’Angela Merkel, la très impopulaire Ursula Von der Leyen, qui sera donc à la tête de l’exécutif européen. Avec elle, il faut se préparer au pire. Conservatrice, outrageusement pro-OTAN, elle aura à cœur de mettre ses pas dans ceux de Juncker. Libéral bon teint, défait dans son propre pays, le belge Charles Michel sera président du Conseil. Falotte et Controversée, la française Christine Lagarde dirigera la Banque Centrale. Bref, le casting de La “Renaissance” européenne, annoncée à grand renforts de tambours et trompettes par Macron, échoue en remake raté.

Les dirigeants européens s’étaient mis en tête de choisir aussi le président du parlement européen, en lieu et place des eurodéputés, élus récemment. Ceux-ci ont poussé l’audace jusqu’à refuser l’impétrant, le très néfaste social-démocrate bulgare Stanichev. Mais ils n’ont pas pour autant renoncé aux bonnes vieilles habitudes : reconduisant une émolliente « grande coalition » (conservateurs, libéraux, sociaux démocrates), ils ont porté à la tête du Parlement l’italien Sassoli. Rien ne change…pour que rien ne change.

« Dorénavant, c’est comme avant! “. Ce casting, conservateur et paresseux, laisse  transparaître le manque d’ambition des chefs d’Etat européens pour les prochaines années. Que de temps perdu à négocier pour des postes et maintenir finalement un statu quo sur le fond. Le dispositif politique mis en place est terriblement faible et fade au vu des enjeux. 

L‘urgence nécessitait de renverser la table. L’Union européenne a traversé tant de crises que la réponse apportée n’est pas au niveau. Il n’y a pas eu de coordination ces dernières années sur la crise migratoire. Aucun plan d’investissements publics massifs pour tenter de sauver le climat et sortir de l’économie carbonée ; des avancées bien trop timides pour lutter contre l’évasion fiscale au sein même de l’Union européenne. Pas de législation digne de ce nom pour limiter l’usage généralisé des pesticides qui viennent endommager la santé des européens. Et pas grand chose de prévu pour protéger les salariés européens, les entreprises, les territoires. 

Au contraire même! La seule réponse des dirigeants européens aura été de féliciter la commission pour son activisme en matière de libre-échange. La même semaine, on annonçait la signature de deux nouveaux accords commerciaux, avec le Mercosur et avec le Viêt-Nam.

Les citoyens européens ont de très fortes attentes. Les choix qui ont été faits ces derniers jours n’expriment ni ambition ni urgence à y répondre. 

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