Pas de « fashion week » pour les exploités de l’industrie du vêtement.

75 millions de travailleurs sont aujourd’hui employés par l’industrie du vêtement dans le monde. Pour une majeure partie d’entre eux, leurs conditions de travail sont indignes. 7 ans après le drame du Rana Plaza, l’effondrement d’un atelier de confection au Bangladesh ayant fait plus de 1130 morts et 2000 blessés, la prise de conscience planétaire n’a toujours pas contraint les entreprises à agir.

Si la France a été la première à légiférer en 2017, obligeant les entreprises à mettre en place des « plans de vigilance » dans leur rapport annuel, et cela afin d’identifier les risques que représentent leurs activités pour les populations et pour l’environnement, rien de contraignant n’ est aujourd’hui établi au niveau européen.

Passée l’émotion du drame, les géants du textile continuent de prospérer sans crainte. Si le Parlement européen a transmis des recommandations par le passé, aucune législation contraignante n’a été proposée par la Commission européenne.

Les ONG CCFD-Terre solidaire et Sherpa viennent de rendre un rapport sur le « devoir de vigilance » et sa mise en place très aléatoire. Le constat est affligeant : « aucune entreprise occidentale n’a pu être poursuivie, car les sociétés mères ne sont pas, dans les diverses législations, responsables des agissements de leurs filiales ».

En tant que député européen je souhaite interpeller la Commission européenne pour que cesse cette hypocrisie coupable. La fiction juridique qui permet aux grands groupes de s’exonérer de la loi n’a que trop duré. La dilution de la responsabilité au travers d’une chaîne de sous-traitants doit être interdite. Les sanctions financières et pénales devront être dirigées vers le donneur d’ordre. Des contrôles et des coopérations des corps d’Inspections du Travail internationaux doivent être mises en place au plus vite. On ne saurait laisser prospérer le commerce international sans qu’a minima le contrôle et les sanctions le soient tout autant. L’accès à la justice des travailleurs des pays du Sud doit être garanti. Les ONG et les consommateurs qui le souhaitent devront avoir accès à la liste des entreprises soumises à ces obligations. 

Au-delà d’une réglementation européenne, d’une labellisation volontariste et de sanctions fortes à mettre en place, le drame du Rana Plaza nous interroge aussi sur nos propres modes de consommation. La frénésie consumériste mondiale épuise désormais les ressources tout autant que les hommes. Nous pouvons nous aussi tenter de nous émanciper de ces habitudes et veiller à plus de sobriété dans notre rapport à la consommation.

Pour la protection des droits des travailleurs comme pour la préservation des ressources naturelles, il semble bien que la production la plus locale possible soit une des solutions. C’est d’autant plus évident que dans le rayon des vêtements, le « fabriqué en France » doit être soutenu et préféré tant pour sa qualité que pour sa proximité.

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