Il m’était impossible de voter ce texte car en dépit d’analyses intéressantes et de préconisations utiles (par exemple dans le domaine de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales), son équilibre général était trop insatisfaisant.
Son premier écueil est de lier les déséquilibres de la mondialisation (accroissement des inégalités, sous-emploi, désagrégation de la classe moyenne…) presque exclusivement aux ruptures technologiques ; et de laisser la critique du libre-échange dans un angle mort. Au contraire, la libéralisation du commerce mondial est vue comme… globalement positive.
D’autre part, le texte fait l’impasse sur l’interaction entre économie réelle et sphère financière. Cette dernière n’est même pas évoquée (sauf au détour de rappels historiques sur la crise de 2008), alors que l’interconnexion et l’intensification disproportionnées des flux financiers sont la clé de voûte de la mondialisation – et pourraient conduire, en l’absence de contre-mesures radicales, à son effondrement !
Enfin, le souhait de renforcer le caractère contraignant des objectifs de développement durable est louable, mais il devient chaque jour plus évident qu’en ne faisant rien contre la circulation effrénée des marchandises entre les continents, en ne relocalisant pas les productions, on n’agira qu’à la marge pour inverser le changement climatique.