Le mandat de Theresa May, mais aussi la raison d’être de sa présence à la tête du Royaume-Uni sont clairs : elle est la première ministre du « Brexit », celle qui est chargée de concrétiser en actes la décision souveraine des citoyens britanniques de quitter l’Union européenne.
Pourtant, de retour devant ses homologues européens, Mme May a défendu sa légitimité à peser sur les décisions concernant l’avenir de l’Union. Dont acte : malgré la poursuite alarmante de la désindustrialisation du Royaume-Uni, le gouvernement May continue de bloquer la proposition européenne de renforcement des instruments de défense commerciale.
Que les dirigeants britanniques croient sincèrement que, après le Brexit, leur salut passe par la levée infinie des barrières au libre-échange, c’est leur choix politique ; ils seront comptables de leurs décisions. Qu’ils prennent la tête d’une minorité de blocage et empêchent ainsi l’Union européenne d’opposer des protections efficaces au dumping chinois – dont l’impact se chiffre en dizaines de milliers d’emplois dans toute l’Europe – c’est malvenu et inélégant.
Malvenu, car au vu des échecs de l’Europe libérale ardemment prônée par le gouvernement Cameron, un soupçon de modestie politique serait le bienvenu. Inélégant car l’obstination du Royaume-Uni à bloquer un dossier qui ne les concernera bientôt plus annihile les efforts du Parlement européen et – dans ce cas très précis, sachons le reconnaître – de la Commission européenne pour une Europe moins naïve en matière commerciale.
À l‘heure où la Wallonie est injustement fustigée pour son blocage de la signature de l’Accord commercial UE-Canada, l’attitude des Britanniques devrait faire couler au moins autant d’encre.