Trente-six députés européens socialistes, verts et de gauche, dont 13 Français, ont plaidé en faveur d’un allègement rapide de la dette grecque dans une lettre ouverte au commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
« De toute urgence, la Grèce doit sortir du cercle vicieux de la récession et de la déflation » où elle est engluée depuis six ans, souligne ce texte. Les signataires sont des députés au Parlement européens de dix pays de l’UE. « Tout retard supplémentaire en ce qui concerne l’ouverture de discussions concrètes et concluantes sur l’allégement de la dette pourrait avoir des résultats dévastateurs sur l’économie grecque », mettent-ils en garde.
Invoquant un « consensus parmi les économistes reconnus au sujet du caractère non soutenable de la dette grecque », ils rappellent que ce dossier est au centre d’une dispute entre les deux bailleurs de fond du pays surendetté, le FMI qui appelle à un allègement rapide et important et la zone euro qui traîne les pieds sous pression allemande.
« L’incertitude qui résulte de ces différends entrave la reprise grecque », jugent-ils, appelant à la mise au point, d’ici fin 2016, « d’une feuille de route claire pour l’allégement de la dette grecque », qui caracole à près de 180% du PIB.
A l’issue de la dernière réunion le 10 octobre des ministres européens des Finances, Pierre Moscovici avait souligné qu’il espérait obtenir, « d’ici la fin de l’année, un accord global » sur la marche du redressement financier grec qui permettra d’« aborder la question de la dette ». Mais le geste substantiel réclamé par la Grèce en échange de ses efforts pour se conformer aux demandes de ses créanciers pour plus d’austérité et de libéralisation de l’économie se heurte à l’intransigeance de l’Allemagne, qui renvoie un règlement de fond après les élections qu’elle organisera fin 2017.
13.10.2016, Bruxelles
Monsieur le Commissaire,
Suite au débat sur la « Déclaration de la Commission – Situation macroéconomique en Grèce, les réformes structurelles et leur incidence, et perspectives de futures négociations dans le cadre du programme », qui a eu lieu le mardi 4 octobre à la plénière du Parlement européen, nous souhaitons en tant que députés européens attirer votre attention sur l’importance de l’allégement de la dette ainsi que sur la nécessité de mesures concrètes qui pourront soutenir le développement économique, social et environnemental de la Grèce.
De toute urgence, la Grèce doit sortir du cercle vicieux de la récession et de la déflation, et aller de l’avant grâce à des politiques qui soutiendront les investissements publics et privés ainsi que la création d’emplois de haute qualité. La responsabilité de ce changement revient à la fois au gouvernement grec et aux institutions. Il existe aujourd’hui un consensus parmi les économistes reconnus au sujet du caractère non soutenable de la dette grecque. Au sein même des institutions, différents points de vue existent quant à la manière de trouver une solution durable à la crise. Comme vous le savez, le FMI a une analyse différente de celle présentée par les institutions européennes à ce sujet. L’incertitude qui résulte de ces différends entrave la reprise grecque.
Tout retard supplémentaire en ce qui concerne l’ouverture de discussions concrètes et concluantes sur l’allégement de la dette pourrait avoir des résultats dévastateurs sur l’économie grecque, contrecarrer la légère diminution des niveaux de chômage et de pauvreté et retarder toute amélioration de la situation sociale et économique pour la période à venir.
Le 23 Septembre dernier, le FMI a déclaré qu’un nouvel allégement de la dette sur la base « d’hypothèses réalistes quant à la capacité de la Grèce à générer des excédents durables et de la croissance à long terme » sera nécessaire pour atteindre une situation macroéconomique durable. L’allégement de la dette est sans aucun doute une étape cruciale de l’effort pour mettre fin à la crise grecque. Les discussions sur l’allégement de la dette, dans le cadre de l’accord, doivent donc être ouvertes le plus rapidement possible, afin d’être achevées d’ici la fin de l’année. Celles-ci doivent aboutir à une feuille de route claire pour l’allégement de la dette grecque. Il s’agit d’une condition préalable à la nécessaire relance économique et sociale mais aussi à la limitation des besoins financiers de l’économie grecque qui permettra de créer un espace fiscal pour inciter les investissements publics et privés.
Nous, députés européens, croyons fermement que la Grèce a besoin d’un environnement macroéconomique stable. Par conséquent, elle a besoin de tourner la page des politiques d’austérité dogmatiques, en créant les conditions de sortie du Programme, qui devrait être le dernier. En cette période cruciale, il est nécessaire que la Grèce fasse le meilleur usage possible des fonds structurels qui, comme pour tous les autres pays en crise, doivent être considérablement augmentés, car il est de sa responsabilité de protéger les franges les plus vulnérables de sa population.
Dans le cadre des futures négociations avec le gouvernement de la République hellénique, nous vous exhortons à prendre en considération ces demandes formulées tant dans l’intérêt de la société grecque que des institutions européennes.
Nous serions heureux de pouvoir échanger plus longuement avec vous à ce sujet.
Cordialement,
Dimitrios Papadimoulis, EL (GUE/NGL), Guillaume Balas, FR (S&D), Sergio Cofferati, IT (S&D), Fabio De Masi, GER, (GUE/NGL), Eva Joly, FR (Greens/EFA), Curzio Maltese, IT, (GUE/NGL), Georgi Pirinski – ΒG (S&D), Emmanuel Maurel, FR (S&D), Ernest Urtasun, SP, (Greens/EFA), Jean-Paul Denanot, FR (S&D), Virginie Rozière, FR (S&D), Edouard Martin, FR (S&D), Bart Staes, BE (Greens/EFA), Tania Penas Gonzalez, SP (GUE/NGL), Josep Maria Terricabras, SP (Greens/EFA), Eric Andrieu, FR (S&D), Christine Revault d’Allonnes Bonnefoy, FR (S&D), Marisa Matias, PT (GUE/NGL), Patrick Le Hyaric, FR (GUE/NGL), Stelios Kouloglou, GR (GUE/NGL), Eleonora Forenza, IT (GUE/NGL), Monika Vana, AT (Greens/EFA), Louis-Joseph Manscour, FR (S&D), Isabelle Thomas, FR (S&D), Barbara Spinelli, IT (GUE/NGL), Kostas Chrysogonos, GRE, (GUE/NGL), Younous Omarjee, FR, (GUE/NGL), Elly Schlein, IT, (S&D), Joachim Schuster GER, (S&D), Michèle Rivasi, FR, (Greens/EFA), Konstadinka Kuneva, GRE, (GUE/NGL), Ana Gomes, POR, (S&D), Martina Anderson, IRL, (GUE/NGL), Matt Carthy, IRL, (GUE/NGL), Liadh Ni Riada, IRL, (GUE/NGL), Lynn Boylan, IRL, (GUE/NGL), Vincent Peillon, FR, (S&D) et Hugues Bayet, BE (S&D).
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