Madame la Présidente, depuis que les Tunisiens se sont engagés dans une transition démocratique, dont tout le monde ici a rappelé à quel point elle était exemplaire, le Parlement européen a toujours souhaité être solidaire de la Tunisie et, évidemment, des Tunisiens.
Nous l’avons été quand nous avons lancé un processus d’accord de libre-échange, dont on a bien souligné collectivement qu’il devait être évidemment asymétrique et progressif – ce que l’on a appelé un partenariat avec la Tunisie –; nous l’avons été aussi, même si cela a occasionné bien des débats entre nous, quand il a fallu étendre le quota d’huile d’olive à droits nuls pour l’économie tunisienne; nous le sommes aujourd’hui quand nous abordons cette question de l’assistance macro-financière.
Donc, évidemment, nous le faisons, le groupe S&D, et pour le texte en l’état. Pourquoi? Parce qu’il y a urgence et qu’il faut que cela aille vite. C’est la seule raison pour laquelle nous sommes pour le texte en l’état. Mais, en même temps, il y a un certain nombre de choses qu’il faut rappeler à l’occasion de ce débat.
Premièrement, quand on dit qu’il faut que la Tunisie soit capable de faire des réformes structurelles. Moi, j’invite la Commission à une grande flexibilité, à une intelligence si possible par rapport à cela, parce qu’il ne s’agit pas non plus d’étouffer complètement l’économie tunisienne. C’est le premier point.
Deuxième point: on parle d’AMF, mais qui dit AMF, dit prêt, qui dit prêt, dit dette, or la dette tunisienne, aujourd’hui, c’est un problème. C’est un problème qui est essentiellement hérité de la période Ben Ali et il ne faudrait pas que l’argent que l’on prête aux Tunisiens ne serve qu’à une seule chose, à savoir rembourser les intérêts de la dette qu’elle avait contractée dans l’ancien régime. Ça, c’est un deuxième problème.
Troisième problème, très important pour nous: justement, les avoirs de Ben Ali, il y en a encore beaucoup qui sont planqués en Europe et il y a évidemment des choses à faire du point de vue de l’Europe – parce qu’il y en a aussi dans les pays européens – pour régler ce problème.
Si nous sommes évidemment favorables à cette aide d’urgence, cela ne doit pas nous empêcher de penser sur le plus long terme. Il faut être solidaire de façon durable et ne pas s’en tenir essentiellement à des aides d’urgence.