Bruxelles, 25/05/2016 (Agence Europe) – Les 6 000 participants à la ‘contre-consultation publique’ lancée mi-mars par un groupe transnational et transpartisan de députés européens (EUROPE 11513) ont massivement rejeté l’octroi par l’UE du statut d’économie de marché (MES) à la Chine, selon des résultats présentés mercredi 25 mai par les Français Édouard Martin (S&D) et Emmanuel Maurel (S&D) et l’Italien David Borrelli (ELDD).
À l’échelle européenne, 91% des citoyens qui ont répondu à la consultation lancée par le ‘MES Action Group’ s’opposent à l’octroi du MES à la Chine, 8% sont en faveur d’un octroi du MES à la Chine couplé à un renforcement des instruments de défense commerciale de l’UE et 1% seulement se prononcent pour un octroi inconditionnel du MES à la Chine, selon les résultats de cette ‘contre-consultation’. « S’il y avait demain un référendum en Europe, je pense que les résultats ne seraient pas très éloignés de ceux-là. Nous portons la parole des citoyens qui sont très inquiets », a commenté M. Maurel.
L’opposition massive à l’octroi du MES à la Chine est transectorielle: environ 90% des citoyens et des syndicats consultés et 97% des représentations industrielles consultées sont opposés. En outre, le rejet est écrasant dans les 19 pays – Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni et Suède – d’où émanent les réponses, puisqu’au moins 70% des répondants (90% en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni) s’opposent à l’octroi du MES à la Chine.
La valeur ajoutée de cette contre-consultation est qu’elle a permis de recueillir des témoignages qui mettent en avant quatreleitmotive: – l’incompréhension des parties prenantes quant à un possible octroi du MES à la Chine alors qu’elle ne respecte pas les critères requis ; – une exaspération relative à la naïveté de l’UE qui ne se protège pas face au commerce déloyal chinois alors que les autres continents le font ; le souhait d’une Europe qui soit davantage stratège, diplomate et forte vis-à-vis de la Chine ; – la volonté d’une Europe qui protège et soit capable de préserver son modèle social et environnemental.
« À l’image de ces résultats, le débat parlementaire a montré à une quasi-unanimité que l’UE ne doit pas être l’idiot du village planétaire, mais doit protéger son industrie, ses consommateurs et ses travailleurs », a commenté M. Martin. « Les parties prenantes demandent à leurs élus d’arrêter d’importer la pollution, de refuser le MES à la Chine, de renforcer nos instruments de défense commerciale, d’imposer à la Chine les mêmes standards sociaux et environnementaux », a-t-il insisté.
Le MES Action Group va présenter ses résultats à la Commission, dans l’espoir qu’elle les intègre dans sa propre consultation. « Pour l’instant, la Commission reste assez réservée et n’est pas assez objective », a déploré M. Borelli. « J’ai l’impression que la Commission fait le travail que les États membres ne font pas, car beaucoup ont des intérêts particuliers avec la Chine. Il faut que l’Europe reste unie face à une décision qui va impacter l’ensemble des 28 États membres », a conclu M. Martin.(Emmanuel Hagry)