Je suis intervenu à deux reprises en commission du Commerce international pour inviter la Commission européenne à changer radicalement d’approche dans la manière dont elle négocie des accords de libre-échange.
Sur la forme, d’abord, la défiance citoyenne est telle que la Commission doit mettre en œuvre une sorte de révolution méthodologique – fondée sur la transparence et l’implication étroite des citoyens, actuellement délaissés par rapport aux multinationales – afin de restaurer un climat de confiance dans la politique commerciale. Les signaux envoyés jusqu’ici par la Commission, qui maintient une confiance inébranlable dans le « business as usual », sont largement insuffisants à cet égard.
Sur le fond, ensuite, la Commission doit rompre avec la religion du libre-échange, qui la conduit à rechercher des bénéfices économiques hypothétiques et fractionnés là où ses citoyens demandent davantage de protections. Par le juste-échange, elle doit chercher à construire des règles, avant de penser à détruire les barrières. Elle doit enfin replacer au cœur de ses préoccupations les secteurs clés de l’économie réelle, et notamment l’agriculture et l’industrie, trop souvent sacrifiés sur l’autel de la concurrence intégrale. Réenclencher une véritable politique industrielle et protéger les secteurs agricoles sensibles : tels devraient être les phares qui guident l’action commerciale de l’Union européenne, si elle veut regagner la confiance de ses citoyens.