L’Europe subit une crise à la fois conjoncturelle et structurelle de son modèle agricole, modèle que certains voudraient cantonner au simple productivisme.
La Commission européenne, par exemple, demeure persuadée que le salut de l’agriculture continentale passe par l’ouverture à l’international. À cet effet, elle a prévu d’échanger très prochainement des offres de concession tarifaire avec ses partenaires du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), dans le cadre d’une énième négociation de libre-échange.
Niant la crise de surproduction qui touche les agriculteurs européens, une récente fuite montre que la Commission semble prête à démanteler les droits de douane applicables à la plupart des produits agricoles, même les plus sensibles (viande blanche et rouge, produits laitiers, fruits et légumes par exemple). L’Argentine est l’un des plus grands producteurs mondiaux de viande bovine ? Tant pis, ouvrons les vannes et le marché fera son œuvre…
À l’occasion d’un récent Conseil des ministres de l’Agriculture, le gouvernement français a haussé le ton. Il a pris la tête d’une coalition de 13 pays pour exiger que la Commission ménage davantage de protections aux producteurs européens en maintenant les droits de douane existants sur les produits agricoles sensibles.
J’apporte un soutien sans réserve aux autorités françaises sur ce dossier : il ne pourra pas y avoir de résolution durable de la crise agricole sans refonte globale de notre stratégie commerciale. Loin de régler la crise, la destruction des barrières aux échanges pourrait l’aggraver.