Le roi d’Espagne, Felipe VI, a investi la semaine dernière le leader du parti socialiste ouvrier espagnol Pedro Sanchez de la mission de former un gouvernement. Cette décision porteuse d’espoir prend acte du fait que les Espagnols ont très majoritairement voté, en décembre dernier, pour une rupture avec les années Rajoy. En effet, malgré que les résultats nationaux soient difficilement lisibles du fait du contexte territorial, c’est avant tout le rejet des politiques d’austérité et des scandales de corruption qui transpire de ces élections.
Il appartient désormais au PSOE de former un gouvernement qui réponde à ce désir de renouvellement des politiques et des pratiques. Dans cette entreprise, Pedro Sanchez peut s’inspirer de son camarade portugais Antonio Costa, qui est parvenu à former un gouvernement anti-austérité dans son pays. En rejetant toute alliance avec le Partido Popular (PP), le dirigeant du PSOE a fort justement écarté l’idée, pourtant suggérée par certains dans son camp, d’une « grande coalition à l’allemande » et ouvert la porte à un accord avec Podemos.
Si un gouvernement PSOE-Podemos pourrait échouer à rallier une majorité de députés (selon le comportement des libéraux de Ciudadanos et des petits partis régionalistes) il n’en reste pas moins que les deux partis poursuivent les mêmes priorités : solder le bilan calamiteux des années Rajoy en mettant en œuvre des mesures d’urgence sociale. Le récent imbroglio autour de la validation du budget portugais montre que l’establishment européen demeure réticent à toute politique alternative. Mais, unis dans un gouvernement, le PSOE et Podemos pourraient provoquer un véritable rapport de force au Conseil européen, que la France aurait tout intérêt à soutenir…
