Minerais de sang : les États doivent se ranger à la position du Parlement européen

Lundi 1er février, la Commission européenne, le Parlement et les représentants des États membres ont entamé un trilogue pour aboutir à la version finale du règlement destiné à bannir les « minerais de sang » de l’Union européenne. A l’instar du diamant en Sierra-Leone et au Libéria dans les années 1990, le commerce de certains minerais (étain, tantale, tungstène, or) sert à alimenter des conflits sanglants dont les premières victimes sont les populations civiles, notamment en République démocratique du Congo (RDC).

Dans l’objectif de tarir le financement des groupes armés qui prospèrent sur le commerce des « minerais de conflit », le Parlement européen s’est prononcé en mai dernier, grâce à la forte mobilisation des groupes de gauche et de la société civile, en faveur d’une responsabilisation accrue des entreprises européennes importatrices. Il s’agit d’obliger les fondeurs et raffineurs de l’Union européenne, mais également les fabricants de produits manufacturés (téléphones, bijoux, machines à laver, etc.) à certifier l’origine des minerais utilisés, afin d’éviter qu’ils proviennent de zones de conflit.     

Malheureusement, les premières discussions en trilogue semblent indiquer que les États-membres, au nom de la sacro-sainte « compétitivité », préféreraient opter pour une approche volontaire, en vertu de laquelle les fabricants européens pourraient choisir de se conformer, ou non, au principe de certification de leurs produits. Je suis pourtant convaincu que l’approche obligatoire, en plus d’être la seule véritablement efficace, ne constituerait nullement un frein à la compétitivité des entreprises européennes. A l’heure où les Européens demandent à savoir dans quelles conditions sont fabriqués les produits qu’ils consomment, la traçabilité n’est pas optionnelle ; elle est indispensable.

Le défi pour la délégation du Parlement européen, emmenée dans les négociations par ma camarade belge Maria Arena, est désormais de surmonter la réticence de certains gouvernements. L’enjeu est de taille : au-delà des déclarations d’intention et des effets d’annonce, un tel règlement constituerait un moyen concret d’avancer vers davantage d’éthique et de justice dans les échanges commerciaux.

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