La participation de la Chine au « Fonds Juncker » : à quel prix ?

Le 15 décembre dernier, s’est tenu à Strasbourg un débat avec le vice-président de la Commission européenne et commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Jyrki Katainen, sur la mise en œuvre du « Fonds européen pour les investissements stratégiques » (EFSI) ou « Plan Juncker ».

Ce plan d’investissement, arraché par les socialistes européens et perçu à juste titre comme une inflexion relative de la politique de rigueur promue par la Commission européenne depuis des années, n’atteindra certainement pas la barre des 315 milliards d’euros – une somme fixée à grand recours d’effets multiplicateurs très aléatoires. S’il mobilisera très peu d’argent frais issu du budget européen, et qu’il ne flèche qu’insuffisamment les investissements vers des projets innovants, le « Fonds Juncker » a, en revanche, été considérablement pourvu par de généreux investisseurs chinois.

Une telle participation génère autant d’opportunités que d’interrogations : c’est la raison pour laquelle j’ai souhaité interpeler le commissaire Katainen sur la question de la gouvernance des projets financés par la Chine dans le cadre de l’EFSI. J’ai aussi demandé au commissaire si la Chine, du fait de son implication déterminée dans le financement de projets sur le sol européen, bénéficierait, en retour, d’un traitement de faveur de la part de la Commission européenne.

Une interrogation de cette nature est loin d’être anecdotique dans le contexte actuel. En janvier 2016, la Commission européenne devrait prendre une décision « à haut niveau » (c’est-à-dire potentiellement dans le bureau de M. Juncker) sur la question de l’attribution, par l’Union européenne, du statut d’économie de marché à la Chine. Si la Commission décidait de s’engager sur une telle voie – qui plus est de manière unilatérale, et alors que la Chine ne remplit pas les critères d’une économie de marché – l’Union européenne ne pourrait plus mobiliser de manière efficace ses instruments de défense commerciale face au dumping chinois. Des centaines de milliers d’emplois, notamment industriels, seraient alors immédiatement mis en danger en Europe.

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