Ce fut si long que l’on se demandait si la vérité des urnes – une large victoire de la gauche anti-austérité, majoritaire au nouveau Parlement – allait être respectée. À contrecœur, le président conservateur portugais a finalement donné à Antonio Costa, chef de file des socialistes lusitaniens, le mandat pour former un gouvernement socialiste, soutenu à la fois par le Bloc des gauches, et par l’alliance des communistes et des verts.
Au-delà de sa lecture personnelle du vote (qu’il analyse comme un « coup d’état »), l’attitude du président Anibal Cavaco Silva a été de bout en bout méprisante vis-à-vis des citoyens portugais, douloureusement éprouvés par des années de déflation sociale. Elle témoigne malheureusement des dysfonctionnements de l’Europe libérale actuelle où toute voix dissonante, en Grèce, au Portugal et ailleurs, est systématiquement caricaturée et étouffée. Finalement, la nomination d’Antonio Costa et l’accord de gouvernement trouvé par l’alliance « rose-rouge-vert » prouvent à ceux qui en doutaient que l’on peut être à la fois passionnément européen et résolument anti-austérité.
Il faut désormais espérer que les forces progressistes au pouvoir en Europe, et notamment les gouvernements italiens et français qui n’ont de cesse de rappeler que le rapport de force ne leur est pas favorable, soutiennent de tout leur poids le futur gouvernement portugais. L’occasion est unique de démontrer que le problème de l’Europe n’est pas l’Union européenne ou l’euro en tant que tels, mais bien la dangereuse orientation prônée par ses gouvernants actuels. Il y a urgence.