Quand le peuple vote mal faisons comme s’il n’avait pas voté ? Ce triste adage qui prend trop souvent forme en Europe semble une fois de plus se dessiner chez nos voisins portugais. Après la clef-de-bras budgétaire en Grèce vient le temps des coups de force institutionnels au Portugal : il est venu le temps de dire STOP à cette ère post-démocratique que certains dirigeants et membres des institutions veulent imposer en Europe.
Alors que le peuple portugais a élu le 4 octobre dernier une gauche majoritaire en voix (52%) et en sièges au Parlement (122 députés de gauche contre 107 de droite sur 230), le Président de la République portugaise annonce reconduire le premier ministre sortant de centre-droit Pedro Passos Coelho. Dans le même temps, Antonio Costa – leader des socialistes portugais- avait réuni pour la première fois de l’histoire de la démocratie portugaise les forces de gauches (PS : 32,4%, Bloc de Gauche (BE) : 10,2%, alliance écolo-communiste : 8,3%) derrière un gouvernement et un programme commun disposant d’une majorité parlementaire absolue de 122 sièges sur 230.
Le seul argument donné par le président pour refuser la mise en place d’un gouvernement soutenu par une majorité au Parlement tient à empêcher la participation à l’exécutif de forces politiques critiques vis-à-vis des institutions européennes alors que la plateforme programmatique ne prévoit nullement ni sortie de l’Euro, ni sortie de l’Union.
Nous ne pouvons rester inertes face à ce déni de démocratie : il en va du respect de la souveraineté populaire en Europe. Lorsqu’un peuple donne à son pays une majorité politique pour lutter contre l’austérité imposée en Europe, son vote doit être respecté.
Aussi, nous demandons aux socialistes français et européens de manifester avec force et détermination leur soutien envers le peuple portugais, Antonio Costa et la coalition de gauche qu’il a su rassembler. Il est temps qu’en Europe les socialistes et toute la gauche se mobilisent ensemble pour exiger une alternative à l’austérité et une réorientation de la construction européenne qui la rende à nouveau conforme aux valeurs démocratique et respectueuses de la souveraineté populaire.
Emmanuel Maurel, député européen
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris