TTIP : la France se hisse (enfin) à la hauteur des enjeux

La mobilisation de toutes les parties prenantes contre le TAFTA porte légitimement ses fruits. À travers la voix de M. Fekl (une nouvelle fois), notre pays semble avoir décidé de tenir un langage de vérité, en toute clarté, sur ce dossier décisif. Surtout, je suis satisfait qu’il émette des réserves fondamentales, tant sur la méthode que sur le fond, quant à l’opportunité de cet accord négocié dans l’opacité la plus totale malgré les innombrables risques qu’il comporte.

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En tant que député européen, membre de la commission du Commerce international, voilà plus d’une année que je répète la nécessité de bouleverser radicalement le cours des négociations. À plusieurs reprises et avec l’appui de la société civile, je me suis refusé à donner un blanc-seing à la Commission européenne en votant contre les résolutions trop ambiguës du Parlement européen. La mobilisation des citoyens, de bon nombre de parlementaires et du gouvernement français contre l’arbitrage privé dans le TTIP avait conduit la Commission à refondre radicalement son projet.

Désormais, la France pressent que l’Europe pourrait s’enfermer dans des conditions désavantageuses et, légitimement, se déclare prête à arrêter les négociations. Les lignes bougent et il faut s’en réjouir. Le secret et l’opacité des négociations du TTIP sont archaïques et tout bonnement inacceptables en démocratie. Même un député européen, membre de la commission compétente, n’a accès qu’à une partie infime des documents. Et encore, dans des conditions dégradantes pour la démocratie : il doit prendre rendez-vous pour avoir accès, sans téléphone portable ni ordinateur, sans stylo ni feuille, à la salle de lecture qui contient une copie des textes négociés. Les ministres nationaux du Commerce extérieur, pour leur part, doivent se rendre à l’Ambassade des États-Unis de leur pays pour consulter les documents consolidés de négociation.

Mais surtout, je partage avec Matthias Fekl un certain nombre de doutes de fond (réciprocité de l’accès aux marchés publics, problématiques liées à l’agriculture…) quant à l’intérêt même de ces négociations, dont la philosophie continue de reposer sur un dogme néo-libéral doublé d’un atlantisme béat. Car les interrogations sont permises, et même indispensables : comment justifier un accord dont les estimations de croissance sont quasi-nulles, qui entraînerait certainement des destructions d’emploi et qui affaiblirait nos normes ?

Enfin, je ne peux que souscrire à l’objectif qu’assigne Matthias Fekl à notre génération politique: « écrire une nouvelle page de l’action publique et s’appuyer sur d’autres écoles de pensée que celle du libéralisme économique ».

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