Ces dernières semaines, j’ai œuvré au suivi du rapport de ma collègue verte Ska Keller sur le rôle de l’Union européenne dans le cadre des Nations Unies. En tant que responsable du groupe des socialistes européens sur ce dossier, j’ai pu largement influencer le texte final du rapport, qui a été voté ce mardi en commission du Commerce international. Considérant que la politique commerciale de l’Union européenne ne doit pas uniquement répondre à des motivations économiques, mais qu’elle doit aussi faciliter la réalisation des engagements pris à l’échelle de l’ONU, j’ai fait en sorte que le rapport Keller intègre plusieurs de mes réflexions.
L’Union européenne est la principale alliée des Nations Unies: elle considère – à juste titre – l’ONU comme le forum le plus à même de répondre aux défis globaux auxquels notre planète est confrontée: changement climatique, flux migratoires, pandémies, paradis fiscaux… Trop souvent, cependant, son action extérieure et sa politique commerciale ne sont pas en adéquation avec les objectifs dont elle se réclame. C’est, par exemple, la raison pour laquelle j’ai déposé des amendements destinés à rappeler à la Commission européenne l’impératif de « décarbonisation » de notre économie, difficilement compatible avec sa politique de multiplication des méga-accords commerciaux, qui plus est à quelques mois de la COP21 de Paris.
De même, aux côtés de mes collègues de gauche (socialistes, verts, gauche « radicale »), je me suis employé à faire voter des amendements de nature à replacer la notion de « juste échange » au cœur de la politique commerciale de l’UE. Les accords commerciaux de l’UE ne doivent pas contribuer au pillage des pays les moins développés. Au contraire, ils doivent servir à contribuer à leur développement, à lutter contre la pauvreté, et à améliorer l’accès à la santé des populations. A cet égard, je me satisfais que mes collègues parlementaires aient voté mon amendement qui appelle à la mise en place d’une taxe sur les transactions financières qui puisse, en partie, être reversée aux pays les moins avancés. Il est également rassurant que, même s’il ne s’agit que d’une résolution, la majorité des parlementaires semble décidée à aller plus loin pour s’assurer que les entreprises européennes installées dans les pays du sud (Afrique et Asie notamment) ne se rendent coupables d’aucune violation des droits de l’homme.
Malheureusement, la mobilisation de mes collègues en matière de protection sociale des travailleurs laisse à désirer. Alors que j’avais déposé plusieurs amendements destinés à promouvoir la notion de « travail décent » développée par l’Organisation internationale du travail (OIT) dans les accords commerciaux signés par l’UE avec des pays en développement, les parlementaires conservateurs se sont coalisés pour faire échouer ce vote. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, de l’hypocrisie de la droite européenne qui, ses larmes de crocodile à peine séchées sur la question des migrants, refuse d’assumer ses responsabilités en matière d’aide au développement économique et social des pays du sud.
Retrouvez ici la vidéo de ma réaction au rapport Keller en commission du Commerce international