Retrouvez la tribune de la DSF sur la crise des réfugiés, publiée dans le Huffington Post.
IMMIGRATION – L’Europe fait face à un afflux de réfugiés d’une ampleur inégalée depuis la Seconde Guerre mondiale. Les scènes dramatiques, dont nous sommes les témoins jour après jour, constituent un affront à l’humanité, à nos valeurs et à notre histoire. Un peu partout en Europe, nombreux sont ceux qui choisissent la solidarité et la fraternité. Les responsables politiques doivent soutenir ce mouvement qui s’amplifie, notamment via la constitution d’un réseau de villes solidaires. Au Parlement européen, nous n’avons pas attendu les drames pour demander un système européen unifié d’asile et une politique migratoire européenne avec des règles communes.
Quelques principes absolus méritent d’être martelés: tout individu qui fuit la guerre, la persécution, la torture, le terrorisme, a le droit de quitter son pays pour demander l’asile et être accueilli dignement. C’est non seulement un droit fondamental, mais aussi une obligation internationale.
Aujourd’hui, ceux qui sont des victimes dans leur pays sont obligés de risquer leur vie pour faire valoir leurs droits: cette double peine est inadmissible, c’est pourquoi nous devons ouvrir des voies d’entrée sûres et légales en Europe pour les migrants et les demandeurs d’asile.
En 2009, le Parlement européen avait massivement voté pour attribuer le Prix LUX au film » Welcome » de Philippe Lioret; ce vote s’inscrivait dans notre combat pour un système européen unifié d’asile et une politique migratoire européenne avec des règles communes. Plus que jamais, ces deux objectifs politiques sont d’actualité, alors même que les droits fondamentaux des demandeurs d’asile sont bafoués par la politique de certains gouvernements. L’Europe est à tort pointée du doigt et sommée de trouver des solutions. Oui, elle peut et doit mieux faire; mais elle ne pourra rien si les Etats membres n’assument pas leurs responsabilités: ils doivent sortir de la logique trop souvent privilégiée du chacun pour soi, chacun chez soi. La Hongrie, en poussant à l’extrême cette logique individualiste aux relents xénophobes, s’enferme d’elle-même derrière un nouveau rideau de fer…
Les grands mouvements de migration, qu’on le veuille ou non, ne s’arrêteront pas: la situation politique du Moyen-Orient et de l’Afrique ne sera pas stabilisée dans un proche avenir. Aucun dispositif de contrôle n’empêchera ces personnes de fuir, et les laisser mourir en détournant le regard est intolérable. Face à des drames d’une telle ampleur issus d’une crise majeure et durable, la réponse ne peut qu’être européenne: les Européens doivent s’organiser et s’engager dans un effort massif, exceptionnel, d’aide aux réfugiés.
Car, c’est uniquement dans la solidarité que l’Europe pourra faire face à ce défi: l’ouverture nécessaire des centres d’accueil nécessaires doit être soutenue par l’ensemble des Etats européens; la répartition équitable et obligatoire des demandeurs d’asiles entre les Etats membres de l’Union est indispensable, comme l’ont réaffirmé l’Allemagne et la France. En Allemagne, un nombre record de 800.000 demandes d’asile est attendu pour cette année. Cette arrivée sans précédent et assumée de migrants constitue le plus grand défi de ce pays depuis la chute du Mur de Berlin. Face à cette situation, l’Allemagne a autant besoin de la solidarité européenne qu’avant l’été, la Grèce. Tous les Etats membres doivent s’engager dans la voie de la solidarité et du partage des responsabilités.
Si nous n’agissons pas, les drames auxquels nous avons assisté ne seront rien par rapport à ceux qui se profilent: c’est pourquoi il est urgent que l’Union européenne et ses Etats membres agissent collectivement afin de mettre en pratique une politique migratoire réellement européenne, solidaire et responsable, et qu’elle s’en donne les moyens financiers et politiques.
Avec la crise des réfugiés, les principes fondamentaux de la construction européenne sont à l’épreuve de façon aussi systémique et encore plus identitaire que pendant la crise financière. Nos idéaux communs sont en jeu. Faute d’être à la hauteur du défi commun, c’est à l’implosion de l’Union européenne que nous pourrions assister. Nous appelons donc à la prise de conscience et au courage politique des gouvernements nationaux.
Pervenche Berès, Sylvie Guillaume, Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, Eric Andrieu, Guillaume Balas, Jean-Paul Denanot, Edouard Martin, Emmanuel Maurel, Louis-Joseph Manscour, Gilles Pargneaux, Isabelle Thomas et Virginie Rozière
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