INTERVIEW – L’eurodéputé Emmanuel Maurel, l’un des animateurs de l’aile gauche du PS, réagit pour leJDD.fr à la proposition, formulée par Manuel Valls jeudi dans L’Obs, de créer un nouveau parti en remplacement du PS.
Manuel Valls propose dans L’Obs de jeudi de “bâtir une maison commune de toutes les forces progressistes”…
Le Premier ministre a mieux à faire que de se livrer à des polémiques internes ou à des provocations inutiles. Je ne comprends pas bien pourquoi cette interview et pourquoi maintenant. La question essentielle aujourd’hui est plutôt de savoir pourquoi notre politique ne produit pas de résultats.
Craigniez-vous une scission du PS?
Il y a des tensions depuis quelques jours mais cela participe à une stratégie de diversion de la part de l’exécutif. On polémique sur un sujet secondaire, le nom d’un parti, pour éviter de parler de la politique gouvernementale. Le Premier ministre et le président de la République devraient s’intéresser à la croissance, pas à d’hypothétiques réflexions sur la recomposition d’un camp progressiste.
«Valls reste ultra-minoritaire au sein de la gauche française.»
Mardi soir, les frondeurs étaient plus nombreux à s’abstenir. La majorité socialiste est-elle en danger?
Si l’exécutif poursuit sa chute en avant et ses coups de force permanents, il y aura un problème de majorité. Mais ce n’est pas inéluctable. Il est encore possible de rassembler toute la gauche sur une politique nouvelle. On peut réorienter le quinquennat de Hollande. Mais il faut pour cela associer toute la gauche au contenu des réformes. Ce n’est pas le cas. Au contraire, tous les jours, des mesures sortent de nulle part. Tout cela fracture davantage la gauche.
Faut-il changer de Premier ministre?
La question du casting ne m’intéresse pas. Je constate juste que Manuel Valls applique sa ligne développée au moment de la primaire socialiste de 2011. Mais à l’époque, il n’avait fait que 6%. Et même s’il a gagné de la crédibilité depuis deux ans, il reste ultra-minoritaire au sein de la gauche française.
Que demandez-vous à l’exécutif?
Il faut un nouveau pacte majoritaire et nous devons reprendre langue avec les écologistes et les communistes, bref, toutes celles et tous ceux qui ont permis la victoire de François Hollande il y a deux ans. Le sursaut est possible. Nos électeurs nous pardonneront nos erreurs si on essaye de les rectifier. Sauf que là, on n’essaye même pas. La France ne mérite pas les menaces d’excommunication, telles qu’on a eu ces derniers temps. Contrairement à ce qu’a dit Stéphane Le Foll (porte-parole du gouvernement, Ndlr) mercredi matin, Benoît Hamon a toute sa place au PS. Nos électeurs méritent mieux que le spectacle donné à la radio par les cadres de notre parti.
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