Sur le nouvel obs.com, Emmanuel Maurel, membre du bureau national du PS, s’indigne de l’expulsion de la jeune collégienne Kosovare lors d’une sortie scolaire. Interview.
Le parti socialiste fait savoir sa colère, mercredi 16 octobre, au lendemain de l’annonce de l’expulsion controversée d’une collégienne kosovare de 15 ans, Leonarda Dibrani, remise à la police dans le Doubs alors qu’elle participait à une sortie scolaire. Après avoir annoncé une « enquête administrative »sur les « conditions d’éloignement » de la jeune fille, Manuel Valls appelle chacun à « garder son sang-froid », tandis que la solidarité gouvernementale est malmenée. « Je demande qu’on sanctuarise l’école », a fait savoir Vincent Peillon, tandis qu’Harlem désir demande le retour de Leonarda dans sa classe. Emmanuel Maurel, membre du bureau national du PS, dit lui aussi son indignation. Interview.
Quel est votre sentiment à l’annonce de cette expulsion ?
De l’indignation, de la colère aussi face à l’emploi de méthodes très contestables. Une décision aveugle a été prise, qui ne tient compte des conditions de vie de cette famille, ni de la situation de cette élève en particulier.
Claude Bartolone pointe une remise en cause des valeurs de gauche…
Je suis totalement d’accord avec lui. Pendant dix ans, nous avons condamné la politique aveugle menée par la droite en termes d’immigration et de traitement des sans-papiers et expliqué que nous devions mener une bataille culturelle différente. Un important travail a été mené aux côtés des associations, notamment RESF [Réseau éducation sans frontières NDLR], pour dénoncer le caractère brutal des expulsions auquel nous avions promis de mettre un terme.
Qui est responsable ?
D’abord le préfet. La façon dont a été appliquée la circulaire est totalement disproportionnée. Je m’associe à la colère des enseignants, des parents d’élèves et des amis de Leonarda, légitimement choqués. Au-delà de ça, ce qu’il s’est passé est l’occasion d’un débat plus large. Il est temps pour la gauche de revoir les critères de régularisation des sans-papiers et de réfléchir à une autre manière d’appliquer la loi.
Que dire de Manuel Valls ?
C’est bien qu’il y ait une enquête, c’est absolument nécessaire. Mais il faudra selon moi examiner le retour de cette collégienne et de sa famille sur le territoire et envisager l’obtention d’un titre de séjour. Elle pouvait d’ailleurs y prétendre à la fin de l’année. Leonarda était scolarisée en France depuis quatre ans, parle notre langue, sa famille est insérée. Cet effort d’intégration doit être pris en compte. Manuel Valls a dit à juste titre vouloir rompre avec la politique du chiffre, ce qui est le cas. Mais cet exemple démontre que l’on est encore loin de ce qu’on peut attendre d’un gouvernement de gauche, qui se doit d’être en rupture nette avec le précédent.
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