Affaire Cahuzac : « On ne peut pas se contenter d’une réponse morale »

Interview au Nouvelobs.com : pour Emmanuel Maurel, les mesures contre les conflits d’intérêt doivent s’accompagner d’une réorientation de la politique économique.

François Hollande vient de s’exprimer, il a annoncé plusieurs mesures pour lutter contre la corruption et les conflits d’intérêt, qu’en pensez-vous?

– Le président avait une gravité bienvenue. Ce qu’il propose va dans le bon sens. Mais on ne peut pas juste faire de cette affaire un problème moral, c’est aussi un problème politique. Jérôme Cahuzac a été le représentant d’une forme de caste qui demande des efforts mais qui ne se l’applique pas. Il faut une vraie politique contre la fraude fiscale. C’est décisif, plusieurs milliards d’euros échappent à la justice, faute de volonté. On est dans une période de grand tourment politique mais aussi dans une crise de l’efficacité politique. Il est temps d’une réorientation des politiques économiques en France et en Europe. On ne peut pas se contenter d’une réponse morale.

Le chef de l’Etat n’a pas été assez loin, selon vous?

– Ce n’est pas ce que je dis. François Hollande a raison de réagir sur les conflits d’intérêt. Il s’agit là d’un individu mais la vraie question, c’est l’immense défiance qui vient surtout du fait que les Français ont le sentiment que les politiques n’ont pas de prise sur les choses.

Jean-Marc Ayrault s’est exprimé hier soir, François Hollande ce matin, était-ce la bonne réponse à apporter?

– Jean-Marc Ayrault hier, c’était la réaction très spontanée d’un homme honnête qui se sentait trahi.

Harlem Désir a annoncé ce matin l’exclusion du PS de Jérôme Cahuzac…

– C’est un peu anecdotique. La vraie question qui se pose à la gauche c’est : comment sortir par le haut de ce climat délétère. Comment lutter contre la crise économique et sociale. Le conflit d’intérêt est emblématique du système capitaliste dans lequel nous vivons. C’est la force de corruption de l’argent. Comme disait le général de Gaulle, « on ne fait pas de la politique à la corbeille ».

Quel est le sentiment aujourd’hui au Parti socialiste? Que répondez-vous à la droite qui s’interroge sur ce que savaient le Premier ministre et le Président?

– Un sentiment de colère et de tristesse. Quant à la droite, elle est mal placée pour nous faire des leçons dans le domaine des conflits d’intérêt. Les hommes politiques doivent être vertueux et efficaces, sans séparer les deux.

Retrouvez aussi l’interview sur le site du Nouvelobs.com

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