Sommet social : Sarkozy fait fausse route pour endiguer le chômage

Tribune publiée sur le site du Nouvel Observateur avec Jean-Paul Huchon : la formation des chômeurs sera l’un des points abordés dans le sommet social du 18 janvier.
Jean-Paul Huchon, président de la région Île-de-France, et Emmanuel Maurel, vice-président chargé de la formation professionnelle, s’étonnent que la région, première compétente en termes de formation, n’ait pas été conviée.

 

Par la magie des vœux présidentiels du 31 décembre, la formation des chômeurs est subitement devenue une « priorité absolue » au plus haut niveau de l’Etat. Le sujet est à l’ordre du jour du « sommet social » de mercredi.

Les motivations électoralistes sont évidentes. Après la perte du triple A qui signe l’échec de sa politique, le président-candidat tente une nouvelle fois de tromper les Français en faisant croire qu’il dispose encore de recettes miracle et de temps pour les réaliser.

Fidèle à son mépris pour les acteurs de terrain, il essaie de mettre en accusation les collectivités territoriales, en l’occurrence les régions, concernées au premier chef par ce dossier. Rappelons-le : la formation professionnelle est une compétence régionale depuis la loi Defferre du 2 mars 1982. Dans une République « irréprochable », le chef de l’État aurait invité les régions à son sommet social, il se serait inspiré de leurs expériences. Au lieu de cela, il les ignore. Leur seule faute à ses yeux : les régions sont dirigées par des majorités de gauche.

Le chef de l’État aurait pu s’inspirer de la politique volontariste de la région Île-de-France dans le domaine de la formation. Quand l’État n’a cessé de se désengager, la région consacrera cette année 720 millions d’euros à la sécurisation des parcours professionnels des Franciliens. Par l’apprentissage, la région permet à des jeunes d’apprendre un métier. À travers ses dispositifs de formation continue, elle favorise la reconversion des salariés touchés par la crise, en partenariat avec les organismes paritaires. Et elle finance la réinsertion des demandeurs d’emploi par le biais de formations qualifiantes adaptées aux évolutions des secteurs professionnels.

En 2009, 123.937 Franciliens ont bénéficié de l’action régionale en faveur de la formation professionnelle. Près de la moitié d’entre eux étaient des demandeurs d’emploi, bénéficiaires des dispositifs régionaux de formations qualifiantes.

Quand le gouvernement taille dans les moyens de Pôle emploi, ponctionne le fonds de sécurisation des parcours professionnels et réduit les fonds consacrés à la formation des demandeurs d’emploi, la région Île-de-France finance chaque année 56.464 formations qualifiantes représentant plus de 19 millions d’heures. Un chiffre à comparer aux 11.505 formations financées dans la région par Pôle emploi. Les résultats sont au rendez-vous : six mois après leur sortie de formation, 47% des bénéficiaires des dispositifs régionaux ont retrouvé un emploi.

La région soutient des programmes de formation dans les secteurs porteurs, qui anticipent la conversion écologique et sociale de son territoire : l’environnement, les services à la personne, les technologies de l’information et de la communication. Elle a lancé en 2011 un programme pilote de formation à l’anglais professionnel, afin que les demandeurs d’emploi de la zone de Roissy puissent accéder aux métiers aéroportuaires.

Dans sa politique de formation, l’Île-de-France privilégie une logique de parcours et non de statut. Parce que la formation doit intervenir quand se produisent les ruptures, après un décrochage scolaire ou pour anticiper les mutations économiques. Former plutôt que licencier, former pour élever les compétences, former pour revenir à l’emploi : telle est notre politique.

Le temps du cloisonnement entre les différents acteurs de la formation est révolu. Ni l’État, ni la région, ni les partenaires sociaux ne peuvent répondre seuls aux défis posés par la crise. La région l’a compris dès 2009, en signant avec les partenaires sociaux et l’État une convention tripartite pour la sécurisation des parcours professionnels en Île-de-France. En deux ans, 1510 salariés de 300 TPE-PME ont bénéficié de ces actions, reconduites à l’automne dernier.

Sur le front de l’emploi et de la formation, la réussite passe plus que jamais par la coordination des politiques et la mutualisation des moyens. L’échelon régional étant le plus pertinent, les régions doivent être enfin pleinement reconnues en tant que pilotes de cette politique sur leur territoire. Nous comptons sur le prochain président de la République pour faire cette réforme essentielle.

Jean-Paul Huchon, président de la région Île-de-France, et Emmanuel Maurel, vice-président chargé de la formation professionnelle.

NB : toutes les données chiffrées proviennent d’une étude interne de la région Île-de-France, qui n’a pas été mise en ligne.

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