Mon intervention aux Assises de l’apprentissage de la CCIP

« C’est vrai que si la pédagogie de l’alternance est de qualité, l’apprentissage peut se révéler une voie privilégiée et adaptée. Mais je dis bien « si l’alternance est de qualité », si il y a un vrai travail réalisé par le CFA de rapprocher au mieux ce que font les jeunes en entreprises et ce qu’ils apprennent en CFA.
Parce que sinon, il y a un gros risque de décrochage, de rupture du contrat de travail, par manque de sens donné et au travail et à l’enseignement, par manque de cohérence entre ce qui est appris au CFA et ce qui pratiqué en entreprise. C’est la raison pour laquelle à la Région Ile-de-France, nous avons développée depuis plus de deux ans une politique qualité qui porte ses fruits.

Je vais essayer moi aussi d’être très concret. Je vais partir des résultats convergents de deux études sur ce sujet central : celle de l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie et celle de la Région sur les ruptures de contrats d’apprentissage.
L’étude de la Région Ile-de-France sur les ruptures rejoint la dernière étude de l’ACFCI sur au moins deux points :
1.    Une des principales causes de rupture réside dans l’insatisfaction relative aux attentes réciproques entre jeunes et entreprises :
•    les jeunes attendant d’être mieux accueillis, souhaitant recevoir des missions plus valorisantes et plus formatrices
•    les entreprises attendant des jeunes une posture moins attentiste, plus solidaire des besoins de l’entreprise
2.    Cette cause peut être prévenue dans un travail en amont ou en tout début de contrat, notamment en accompagnant les jeunes dans leur posture vis-à-vis de leur entreprise.
A la Région, nous avons approfondi ce questionnement en nous adressant directement aux 3 acteurs de l’alternance.  Et cela nous a conduits à des conclusions complémentaires, voire différentes de celles de l’ACFCI :
1.    La mauvaise orientation des jeunes, les problèmes relationnels jeune/entreprise et les difficultés sociales et logistiques ne sont en général que des causes secondaires, bien qu’elles soient les plus visibles. Une des principales causes, bien en amont de ces causes généralement invoquées, serait la qualité des missions des jeunes en entreprise (statistiquement corrélable à la stabilité des contrats) d’une part, et la qualité du lien entre ces missions et la formation dispensée par le CFA d’autre part.
2.    Ainsi, la mauvaise orientation est bien souvent « compensée » par la qualité des activités et de leur lien avec la formation au CFA. Ces derniers atouts sont aussi les meilleures pour prévenir les problèmes relationnels entre jeunes et entreprises, ils relativisent aussi dans une certaine mesure les problèmes sociaux et logistiques que les jeunes rencontrent fréquemment. A l’inverse, un jeune qui ne connaît aucun de ces problèmes  peut tout de même rompre son contrat si ses activités en entreprises ne sont pas assez formatrices.
3.    L’étude de la Région a donc inauguré un travail original et bien utile de priorisation des causes de rupture.
Cet approfondissement nous a amené à des préconisations plus opérationnelles, la principale consistant à concevoir des modules pour les jeunes afin de les aider à obtenir rapidement la confiance de leur entreprise et les missions les plus formatrices possibles. L’objectif de ces modules est d’aider les jeunes à anticiper à court terme leur activité réelle en entreprise à la fois pour enrichir le lien travail/formation et pour envoyer un message attractif à l’entreprise.
Le dispositif « qualité de l’alternance » de la Région encourage depuis 2009 une telle préparation méthodologique des jeunes. Les pratiques mises en œuvre dans ce sens par les CFA ont permis d’éviter en 2010 et en 2011 environ 3 000 ruptures. C’est beaucoup.
Les pratiques responsables de cet impact sont :
•    la prévision individuelle en début d’année des activités qu’un apprenti pourra réaliser dans son entreprise (24 000 nouveaux prévisionnels)
•    l’accompagnement individuel des jeunes les plus fragiles dans l’anticipation et la négociation des activités à réaliser en entreprise (6000 nouveaux accompagnements)
Donc, 3 000 ruptures évitées de septembre 2009 à août 2011 en misant sur une alternance qui intègre davantage les besoins réels des jeunes et leurs profils de personnalité, voilà qui est concret quand on dit vouloir prendre en compte les besoins des jeunes en apprentissage, de cette génération. Et ce n’est pas fini…
La stratégie de la Région IDF c’est de développer un modèle d’alternance qui ouvre la voie à nouvelle excellence de l’alternance, en s’appuyant sur trois traits caractéristiques de cette génération :
1.    le goût pour le court terme et le concret
2.    leur besoin d’être efficace et valorisés en entreprise
3.    leur goût pour les nouvelles technologies et l’image.
Ce modèle d’alternance consiste à aider les jeunes à anticiper et préparer leur action à court terme en entreprise (prévisionnel en début d’année et mini-projets à chaque alternance). Il permet du même coup de les amener à mieux articuler, dans des délais plus courts que d’habitude, la formation et le travail réel en entreprise. L’impact est mesuré sur les ruptures mais il existe aussi sur leur comportement et leur appétence pour la formation.
Ce Dispositif Qualité est articulé à une politique volontariste de formation des formateurs de CFA qui intègre de plus en plus cette qualité de l’alternance. Les formateurs doivent être formés à cette petite révolution. Et il est bien sûr intégré à la politique d’accompagnement des CFA et des apprentis de la Région. Comme dit le Président Jean-Paul Huchon, « pas de développement quantitatif sans développement qualitatif de l’apprentissage. »

Seul le prononcé fait foi

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