Le système prend l’eau de toutes parts, les financiers paniquent, les contribuables et les salariés s’inquiètent, les gouvernants tentent de rassurer l’opinion. Ministres et banquiers se succèdent sur le perron de l’Elysée pour expliquer que le « système bancaire est très solide » et que la France serait, sinon à l’abri, du moins relativement épargnée. A l’évidence, cette insistance est suspecte. Surtout quand elle s’accompagne de déclarations du premier ministre qui n’est pas loin de ne promettre que du sang et des larmes.
Le président de la République, lui, en appelle à l’unité nationale. Parce que l’heure est grave. Parce que la crise est à nos portes. Parce qu’il en va de la France. La ficelle est un peu grosse, mais il paraît que certains gogos mordent à l’hameçon. Il faudrait faire chez nous ce que les américains tentent de faire chez eux (avec le succès que l’on sait !). Une sorte de gentleman agreement au nom de l’intérêt général.
L’unité nationale pour quoi faire ? Sarkozy se garde bien de l’expliquer. Pourquoi l’opposition ferait-elle la courte échelle à un pouvoir qui n’assume pas ses responsabilités ? Pourquoi la gauche accepterait la main tendue d’une équipe qui, non contente d’avoir pendant des années encouragé le développement d’un système économique insensé, mène, depuis un an, une politique qui ajoute la crise à la crise ?
Il ne faut pas cesser de le rappeler : au nom de l’idéologie libérale, Sarkozy et les siens ont multiplié, depuis un an, les mesures anti sociales. Paquet fiscal au profit des plus aisés, encouragement à la flexibilité du travail, allongement du temps de travail, attaques contre le système de retraites, démantèlement du code du travail, privatisations.
Et le pire est à venir : coupes sombres dans le budget de l’Etat, déremboursement des médicaments, hausse des taxes, suppressions de postes. Autant de réformes qui n’aboutissent qu’à un seul résultat : fragiliser les plus modestes, précariser la majorité du salariat. On ne saurait faire l’unité autour de cette politique et de l’homme qui l’a portée.