Tous les gouvernants vous le diront : l’été, c’est la saison idéale pour les mauvais coups. Même les travailleurs ont la tête ailleurs. Le pouvoir en profite pour faire passer, en catimini, un certain nombre de mesures «impopulaires». Dans ce domaine, le gouvernement Fillon se surpasse. Les projets de loi se suivent et se ressemblent. Car en dépit de l’impression de précipitation et de désordre, l’ensemble se tient.
Rogner sur les droits acquis au nom de la compétition mondiale, stigmatiser des catégories sociales entières, dégraisser à tour de bras : contrairement à ce qu’on entend parfois, la droite fait preuve d’une vraie cohérence. Il s’agit bien ici de changer de modèle social.
Un modèle social fondé sur la précarité, comme en témoigne le projet de loi sur le temps de travail qui entérine d’insupportables reculs sociaux. Un modèle dans lequel certaines catégories sociales sont montrées du doigt avec insistance : le textes sur les droits et devoirs des demandeurs d’emploi, celui relatif au service minimum à l’école vise à jeter l’opprobre sur ces gêneurs que sont les chômeurs ou les grévistes dans la fonction publique.
Un modèle social qui organise l’affaiblissement de l’Etat au nom de l’efficacité. La fusion économiquement absurde de GDF avec Suez, prélude à sa privatisation, va dans ce sens.
L’accélération du « dégraissage » des personnels publics obéit à la même logique. Après la réforme de la carte militaire, super plan social qui ne porte pas son nom, le gouvernement annonce des suppressions de postes massives dans la Fonction publique : la règle du non remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux s’appliquera dès 2009. Sur les 30.600 fonctionnaires non remplacés, l’Education en fournira 13.500, devant la Défense (8.250), l’Intérieur (2.953), le Budget (2.812) et l’Ecologie (1.400). Le tout au nom de la lutte contre les déficits que le gouvernement a pourtant largement contribué à creuser en 2007, avec notamment l’ahurissant paquet fiscal.
Bref, pendant les vacances, la droite continue son travail de sape.