Un an après son élection, Sarkozy est à la peine. Déroute aux élections locales, image dégradée, sondages catastrophiques, couacs gouvernementaux à répétitions, tensions dans son propre camp : à moins de deux mois de la présidence française de l’Union européenne (censée redorer son blason), le président de la république est considérablement affaibli.
Pour restaurer son autorité défaillante, Sarkozy tente le tout pour le tout. Il choisit de passer à la vitesse supérieure et de redoubler en brutalité. D’où les offensives sur le temps de travail, les retraites, l’éducation. A chaque fois, c’est la même stratégie, riche en provocations (voir les récentes déclarations de Devedjian sur la durée légale), obéissant au même objectif : dresser les Français les uns contre les autres. La droite raffole en effet de ce procédé : travailleurs contre chômeurs, salariés du privé contre fonctionnaires, parents contre profs, il faut diviser pour imposer ses vues, agir au nom des uns (qui n’ont parfois rien demandé) pour casser les revendications des autres.
De ce point de vue, la réaction de l’exécutif au mouvement social des enseignants est exemplaire. Plutôt que de faire semblant de répondre à leurs légitimes inquiétudes (refonte des programmes sans concertation et coupes massives dans le budget de l’éducation nationale avec plus de 10.000 postes supprimés), le gouvernement en appelle à la résistance des familles contre ces salauds de grévistes.
D’où l’opération de la semaine passée, au cours de laquelle les communes ont été sommées de mettre en place un service d’accueil des enfants les jours de grève. Les commentateurs, traquant avec gourmandise la moindre déclaration de parents évidemment gênés par le mouvement, ont passé sous le silence l’énormité de la manœuvre consistant à demander aux fonctionnaires territoriaux de briser la grève des fonctionnaires d’État! La droite ne recule devant rien! Et persiste, en annonçant, à l’instar de ce qu’elle fit dans le domaine des transports (avec un succès très mitigé), le dépôt d’une loi sur le « service minimum de l’éducation ».
Cette diversion marchera peut être un temps. Pas au-delà de la prochaine rentrée scolaire, en tout cas, au cours de laquelle les « usagers » du service public de l’éducation nationale mesureront les conséquences concrètes des réformes de Xavier Darcos