Des sportifs navrés, des officiels dans leur petits souliers, des délégués chinois qui hurlent au racisme, une flamme escortée, éteinte, protégée dans un bus : la tragi comédie ne fait que commencer. Et les gouvernants auront beau mobiliser par dizaines des bataillons de policiers et d’agents de sécurité, le trajet du « symbole de l’olympisme » continuera d’être semé d’embûches. Pour une raison simple : il n’est pas possible de déconnecter le sport et la politique. Ceux qui pleurnichent aujourd’hui parce que « la fête est gâchée » sont des indécrottables naïfs… ou des cyniques.
Le plus effarant dans cette affaire, c’est la tartuferie généralisée.
Hypocrite, la clique du CIO, qui a depuis longtemps bradé le sport au business et aux sponsors. Et ses représentants en appellent aujourd’hui au respect des « valeurs de l’olympisme », qu’ils ne cessent de piétiner! Les JO, c’est avant tout une affaire de gros sous. C’est d’ailleurs ce qui a motivé le choix de la Chine : un marché potentiel de 1,4 milliards clients, ça ne se refuse pas. Le reste ne compte pas. C’est d’ailleurs pourquoi la CIO ne proteste pas contre la fabrication de vêtements et d’objets estampillés « Jeux Olympiques 2008 » dans des usines qui violent gravement les droits de l’homme au travail.
Hypocrite aussi, les responsables du sport français, qui pensaient s’en tirer à bon compte en arborant un badge « pour un monde meilleur », censé ne fâcher personne. Résultat : les chinois ont menacé les athlètes, et les manifestants ont brocardé les pleutres.
Hypocrites et inconséquents, les responsables politiques qui commencent toutes leurs phrases par « bien sûr, il ne s’agit pas de boycotter les jeux » et qui semblent découvrir, après coup, que le choix de Pékin n’était pas forcément opportun. Le régime chinois combine le pire du capitalisme et le pire du communisme : qui prétendra le découvrir aujourd’hui? Et qui pense une seconde que l’organisation des jeux est susceptible d’infléchir la politique intérieure chinoise?
Alors, c’est vrai, il y aurait beaucoup à dire sur les mots d’ordre des manifestants ou sur les intentions des meneurs de certaines initiatives. La focalisation sur la seule question du Tibet, par exemple, pose problème : le gouvernement chinois ne se contente pas de réprimer à Lhassa. Il fait tirer sur les foules de paysans ou d’ouvriers qui protestent régulièrement, dans l’indifférence générale. Il menace les travailleurs souhaitant créer des syndicats indépendants. Il emprisonne à tour de bras. Si mobilisation pour les droits de l’homme en Chine il doit y avoir, autant qu’elle ne soit pas sélective!