Une visite de trop

C’est la réaction de Bernard Kouchner qui me décide à consacrer ces quelques lignes à la venue de Kadhafi en visite officielle en France.
Interrogé à l’Assemblée par ses anciens « amis » de l’opposition, le locataire du quai d’Orsay, avec la morgue qui lui est coutumière, rappelait que François Mitterrand, en son temps, avait accepté de rencontré bien des dictateurs, ce dont, à l’époque, il s’était ému. Comme les morts ne peuvent se défendre, des collaborateurs du président défunt se chargent aujourd’hui de remettre les choses à leur place.

Si Mitterrand a bien rencontré Kadhafi (notamment en 1984, dans un pays tiers, en Crète, au moment de la guerre au Tchad), il n’ a pas cru bon de dérouler le tapis rouge pour une visite de 5 jours, avec réceptions officielles aux quatre coins de Paris et discours complaisant pour celui qui a « son caractère » (dixit Sarko lui-même : les victimes du chef libyen pourraient en parler, du caractère de Kadhafi !).

Le problème n’est pas, en effet, qu’il existe des relations entre la France et un État pas franchement réputé pour son respect des droits fondamentaux. De même, nous n’irons pas jusqu’à suggérer que l’on fasse du commerce avec les seules démocraties exemplaires. Ce qui est profondément choquant en revanche, c’est l’incroyable chaleur de l’accueil réservé au dictateur libyen. Poignées de main, courbettes et risettes, compliments : dans le domaine de la diplomatie, ces petites choses comptent énormément.

Plus grave encore, cette idée accréditée par l’Elysée selon laquelle la visite et la livraison de matériel militaire seraient la contrepartie de la libération des infirmières bulgares. Rappelons quand même que le chef de l’État français s’était déjà déplacé en Libye pour remercier Kadhafi. Une fois suffisait! Aujourd’hui, c’est la visite de trop!

Deux dernières notations pour finir. Une première, naïve : on ne s’étonnera jamais assez de cette curieuse manie consistant à prétendre raffermir la paix…en vendant des armes. Une autre, un peu moins : comment expliquer que la presse fasse mine de gober sérieusement les coups de menton de Rama Yade au point de faire de la secrétaire d’État la représentante de l’opposition « droit de l’hommiste » à Sarkozy? Que des médias qui se veulent crédibles participent à cette farce, c’est renversant!

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