EADS : le triple scandale

Les comiques qui prétendent « humaniser » le capitalisme, « moraliser » le libéralisme économique voire promouvoir les « entreprises citoyennes », seront chagrinés par l’affaire EADS.
Difficile en effet de faire passer les dirigeants aujourd’hui impliqués pour des marginaux, des flibustiers de la finance, des moutons noirs isolés. Ceux par qui le scandale arrive ont pignon sur rue. Des capitaines d’industrie estimés, des patrons respectés. On trouve même parmi eux un « frère » du président de la République. C’est dire!

A y regarder de près, il y a au moins trois scandales dans l’affaire qui vient d’être révélée.

Scandale financier tout d’abord. Peu de temps avant la révélation des difficultés industrielles rencontrées par l’entreprise, quelques semaines avant à l’annonce des « sacrifices » auxquels sont invités les salariés, une poignée de dirigeants d’EADS vendent leurs stocks options et réalisent une belle plus-value. Une fois de plus, les zélateurs de la « société du risque » protègent leurs arrières : c’est le menu fretin qui trinque.

Scandale d’État également : selon la bonne vielle arnaque libérale, on organise la privatisation des profits et la socialisation des pertes. Ainsi, c’est l’Etat, via la caisse des dépôts, qui rachète la moitié de la participation de Lagardère dans EADS : l’addition s’élève à 1,8 milliards d’euros. Un tiers, soit 600 millions d’euros, s’est envolé en fumée quelques semaines plus tard.

Scandale politique, enfin. Le gouvernement et l’Elysée rivalisent de belles promesses : « la vérité sera faite », les coupables seront sanctionnés, etc… Difficile de faire moins. Mais, au même moment,  le garde des sceaux lance des pistes pour parvenir à une dépénalisation du droit des affaires. On s’était ému ici de cette initiative qui coïncidait avec le durcissement de la répression en direction de la délinquance de droit commun et la criminalisation des immigrés. Aujourd’hui, les projets de Madame Dati prennent une dimension nouvelle. C’est l’illustration de la collusion (rarement atteinte, en tout cas rarement autant assumée) entre l’équipe au pouvoir et le grand patronat. Il y a tant de copains à amnistier.

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