Les socialistes glosent à l’infini sur la « rénovation » du PS. Quelques modernes, navrés de la singularité de la gauche française et de son indécrottable
archaïsme, somment les militants et les responsables d’imiter les « réussites » étrangères. Le choix est large : scénario à l’italienne à la mode Prodi, social libéralisme à la Blair, parti démocrate à la Clinton, social-démocratie à la suédoise, nous aurions l’embarras du choix.
Curieusement, personne ne se hasarde à regarder du côté de nos amis allemands, pourtant en pointe de la « rénovation » social démocrate. C’est que nos camarades du SPD sont allés un peu loin dans l’ouverture! Ils gouvernent depuis 2005 avec les conservateurs de la CDU, et, comme c’était inévitable, n’influent quasiment en rien la politique de droite que Merkel entend mettre en œuvre. Des socialistes modernes, quoi!
Un seul hic : les allemands de gauche ne sont pas franchement satisfaits de leur « grand parti moderne ». Le SPD perd les élections intermédiaires, chute dans les sondages, et se fait tailler des croupières par le Linkspartei d’Oskar Lafontaine. Ajoutons à cette mauvaise passe politique un sérieux problème social : le revenu net moyen en Allemagne se situe au plus bas niveau depuis 20 ans. Les réformes de l’assurance chômage ont fragilisé considérablement les ménages les plus modestes. Et Les inégalités progressent. Voilà ce qu’on appelle une fameuse réussite!
Résultat : les cadres du SPD commencent à s’inquiéter. Et envisagent de rétropédaler rapidement. Ainsi, fin octobre, le parti social-démocrate compte se doter d’un nouveau programme. Dans lequel figurera la notion de « socialisme démocratique » longtemps banni compte tenu du passé est allemand. Et qui prévoit de sérieuses inflexions programmatiques pour répondre aux inquiétudes sociales de l’électorat populaire. Oubliées, les saillies libérales de Schröder? Pas si sûr. Le document soumis à discussion tente de concilier apports de la « troisième voie » et fondamentaux de la gauche. Une stratégie du cul entre deux chaises risquée et pas forcément gagnante.
Avis aux amateurs : la droitisation n’est pas toujours couronnée de succès.