La droite manque singulièrement d’imagination. Accédant au pouvoir, elle procède toujours de la même façon, en deux temps : dramatisation, sanction.
Après en avoir rajouté des tonnes sur l’état calamiteux du pays, elle annonce un plan de rigueur et tape les ménages au porte-monnaie. C’est ce que firent successivement Balladur en 1993, Juppé en 1995, Raffarin en 2002.La séquence à laquelle nous assistons n’a donc rien de surprenant : Fillon évoque la « faillite » du pays, déclare l’état d’urgence, et ses ministres expliquent en quoi consistent les « sacrifices » demandés aux Français. Cela va de la franchise médicale à la TVA sociale en passant par la suppression des régimes spéciaux de retraite. le tout sur fond de réduction drastique des effectifs de la fonction publique. La rigueur à la sauce libérale, qui s’accompagne toujours d’un rabotage du droit du travail et d’un sabotage de notre modèle social (feu sur les retraites et la sécurité sociale).
L’opposition, encore groggy après la défaite et la politique d’ouverture sarkozienne, doit s’empresser de relever la tête. En pointant d’abord l’incroyable culot de l’exécutif. Qui est responsable de l’état des finances publiques, si ce n’est le gouvernement précédent dans lequel le chef de l’État jouait un rôle essentiel? Et comment expliquer que l’on décrète la « faillite » du pays au moment où le Parlement vient de voter une série d’exonérations fiscales pour les ménages les plus aisés à hauteur de 15 milliards d’euros?
La réponse est dans la question : la droite fait la politique de sa clientèle. Après les généreuses envolées de la campagne électorale, c’est le « retour aux fondamentaux ». A nous d’organiser la riposte.