En politique, le pire est toujours possible. Les récentes sorties de Messieurs Mariani et Hortefeux en témoignent. Le gouvernement veut durcir les conditions de regroupement
familial pour les immigrés. Jusque-là, rien d’étonnant : la droite s’est toujours fixée comme objectif de décourager étrangers de venir en France. Cela aurait pu en rester là : une énième loi sur l’immigration, en attendant la prochaine, plus stricte, plus vexatoire.Mais le rapporteur et le ministre ont décidé de pousser plus avant. Voilà qu’ils évoquent la possibilité de propose des tests ADN aux étrangers sollicitant le bénéfice du regroupement familial afin de leur permettre de prouver leur lien de filiation avec un parent résidant en France. Certes, ils s’empressent de préciser que cette procédure serait instaurée à titre « expérimental ». Et indiquent que l’État pourrait « rembourser le coût du test si la filiation est bien établie ». Car dans un premier temps, non contents d’instaurer un système ignoble, ils avaient aussi prévu de l’assortir d’une arnaque financière (près de 300 euros le test!).
Il y aurait beaucoup à dire que la conception purement biologique de la famille qu’implique un tel dispositif. Adoption, famille recomposée, etc… : dans les cerveaux malades des promoteurs de l’amendement ADN, les étrangers ne sont pas concernés par ce genre de subtilités.
Mais il y a plus abject encore. On croyait les tests ADN réservés à la criminologie et à la recherche scientifique et médicale. Des apprentis sorciers proposent désormais de franchir une étape majeure : l’utilisation à des fins politiques. Comme dans « le meilleur des mondes », comme dans « bienvenue à Gattaca », la génétique participerait du contrôle social. Une fois la brèche ouverte, il n’y a plus de limites. Et l’expérimentation sur les plus vulnérables précède souvent la généralisation à d’autres catégories. Lorsque celles-ci se décident à réagir, il est trop tard. Autant que des salauds, Mariani et Hortefeux sont des irresponsables : ils mettent le doigt dans un engrenage infernal.