La présidentielle américaine est encore loin mais les primaires démocrates battent leur plein. Les deux candidats les mieux placés, Hillary Clinton et Barack Obama, après avoir amassé des montagnes de pognon, mènent campagne tambour battant et ne manquent pas de s’affronter, parfois durement.
Ainsi, les récentes sorties d’Obama
en matière de politique étrangère (oui, élu, il accepterait de rencontrer les chefs de gouvernements des « Etats voyous » ; non, il n’envisage pas de recourir à l’arme nucléaire tactique) ont été sévèrement taclées par l’ex première dame au nom du « réalisme ». Résultat : Obama a rétropédalé à toute vitesse et en rajouté des tonnes sur la mission de l’Amérique dans le monde (il faut combattre Al Quaïda au Pakistan…même sans l’accord des pakistanais). Bref, si la politique extérieure version parti de l’âne serait sûrement moins catastrophique que celle de l’administration Bush, le manichéisme made in US et l’interventionnisme qui va avec ont encore de beaux jours devant eux.
Ceux qui aiment se faire peur avec la politique américaine trouveront de quoi alimenter leur paranoïa en dévorant le dernier roman de Larry Beinhart, « le bibliothécaire », grand prix du livre policier en 2006, qui brosse un tableau flippé et flippant de l’après 11 septembre.
Engagé par un richissime homme d’affaires, David Goldberg, un modeste bibliothécaire sans histoire, devient rapidement la cible d’une bande de psychopathes à la solde du gouvernement. Le contexte est particulier : le président républicain sortant, M. Scott (facile de reconnaître Bush : un fils à papa riche mais minable, instrumentalisé par des gros industriels plutôt véreux !), est menacé par le montée en puissance d’une sénatrice démocrate de l’Idaho. Il y a trop d’intérêts, trop de fric en jeu, pour se permettre de laisser la Maison blanche à une gauchiste. Tous les coups sont permis, et quels coups ! Manipulations en tout genre, corruption à grande échelle, assassinats : le pouvoir, c’est sérieux !
Sous la plume de Beinhart, la « plus grande démocratie du monde » en prend pour son grade. Et si « le bibliothécaire » est bien une fiction (très efficace d’ailleurs, ça se lit d’une traite), la critique de la société américaine gangrenée par l’argent, le racisme et le fanatisme sonne juste. Les piques les plus acerbes sont finalement portées contre les medias, notamment audiovisuels, qui, loin de remplir leur rôle de contrepouvoirs, s’adonnent avec frénésie à une vaste entreprise de décervelage.
Comme quoi il n’y a pas que les intellectuels de la vieille Europe pour dauber sur Bush et sa bande…
Le bibliothécaire, Larry Beinhart, Folio Policier