Le renversement de situation est inédit. Promis à une sévère défaite, annoncée de longue date par les sondages d’opinion, la gauche fait mieux que sauver les meubles : elle améliore son score de 2002 et se paie même le luxe de conquérir des circonscriptions
de droite.Le PCF lui-même, qu’on pensait quasiment enterré, est finalement en mesure de maintenir un groupe parlementaire : « nous sommes la troisième force du pays », claironne Buffet, pulvérisée pourtant aux élections présidentielles. Et les Verts comptent désormais quatre députés. C’est mieux que si c’était pire.
Certes, il ne faut pas sombrer dans le ridicule. De même qu’il était absurde de qualifier l’échec de la présidentielle de « non victoire », il serait malvenu de se réjouir bruyamment de ce qui reste quand même…une défaite. Mais le rééquilibrage du rapport de forces permet d’envisager la législature avec plus d’optimisme. Le gouvernement trouvera sur sa route une opposition solide.
La confrontation politique, elle commence dès aujourd’hui à l’Assemblée. Dans les domaines économiques et sociaux, Sarkozy et Fillon vont frapper fort. A la gauche de réagir avec vigueur. C’est sur ce terrain là que notre électorat nous attend. Le résultat du deuxième tour en témoigne : quand la gauche renoue avec sa mission historique (le combat inlassable pour la redistribution des richesses), les Français lui font confiance. C’est parce que le PS a fondé sa campagne de l’entre-deux tours sur des sujets comme la TVA ou le SMIC qu’il a évité la débâcle. Au moment où chacun en appelle à une nécessaire « rénovation », il est bon de se souvenir de nos fondamentaux.