« Famille je vous hais ». Voilà un livre qui nous réconcilie, au moins partiellement, avec ce noyau primaire, l’origine de tant de névroses et de traumatismes.
C’est vrai qu’elle nous plaît, cette famille Lament, ataviquement vouée aux voyages.Ils ne tiennent pas en place, Howard le spécialiste des valves et Julia la peintre velléitaire, enrôlant leur progéniture dans un vaste tour du monde : Afrique du Sud, Rhodésie, Golfe Persique Angleterre, Etats Unis. Will, le fils aîné, Julius et Marcus, les deux jumeaux, suivent tant bien que mal ces parents excentriques et attachants, en quête d’un endroit où ils auraient enfin leur place : « Toute mon existence a consisté à aller d’un endroit à un autre. Trouver la bonne maison, ce n’est pas facile… ».
Le livre de Georges Hagen couvre les vingt premières années de Will (il naît à la fin des années 50), orphelin sensible et touchant, devenu Lament la suite d’une aventure abracadabrantesque qui ouvre le récit.
La Famille Lament, c’est un peu un « roman d’éducation », celui d’un jeune garçon qui n’était pas destiné à vivre et qui, justement, se cramponne à l’existence comme un beau diable. Nous le suivons année après année, partageons ses découvertes et ses déconvenues, rions à ses déboires, attendris par ses premiers émois amoureux et ses rêves d’ado. Autour de lui s’agite une pléiade de personnages hauts en couleurs, de l’inénarrable grand-mère Rose à l’étonnante Minna, des turbulents jumeaux aux copains infréquentables.
La critique sociale n’est pas absente de ce premier roman qui dénonce les ravages de la ségrégation, du racisme et de l’exploitation. Cette mini-épopée, à la fois loufoque et dramatique, menée à bon rythme, n’est pas sans rappeler le John Irving d’un Monde selon Garp. Il est difficile de ne pas être conquis.
La Famille Lament, par George Hagen
Editions 10/18