Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a quelques jours, Ségolène Royal était pulvérisée, écrasée, laminée. Après Villepinte et TF1, la voilà ressuscitée. On ne le répètera jamais assez : il faut analyser les sondages d’opinion avec circonspection.
Et garder la tête froide, que ceux-ci annoncent un triomphe ou une débâcle. Les enquêtes ne sauraient prévoir un résultat : elles permettent, au mieux, d’indiquer une tendance. A deux mois du scrutin, il est difficile de se faire une idée précise. Mais Sarkozy et Royal paraissent, sauf accident, assurés de figurer au deuxième tour.A l’heure actuelle, la seule surprise, c’est plutôt le carré de tête : parmi les quatre premiers candidats (crédités de plus de 10%), trois sont de droite : Bayrou, Le Pen, Sarkozy. Et trois ont appelé à voter « oui » au traité constitutionnel européen. Entre le carré de tête et le reste des candidats, il y a plus de dix points. Le vrai souci, c’est le niveau pathétiquement faible des candidats issus de la gauche du PS. Incapables de s’unir, les partisans de la gauche dite antilibérale paient le prix de leurs divisions : le discrédit qui les frappe est à la mesure de l’espérance que leur possible rassemblement avait suscité.
Certains diront qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent. Mais la faiblesse des Bové, Buffet et compagnie concerne le PS au premier chef. Le rapport de forces au soir du 22 avril conditionne largement la victoire quinze jours après. Un total gauche aux alentours de 40% hypothèquerait sérieusement le succès. A moins…que l’on accepte de faire de l’UDF l’arbitre du scrutin. Et que l’on tende la main aux héritiers de Barre et de Giscard. C’est le rêve éternel des élites bien pensantes : l’alliance entre la gauche modérée et la droite centriste, la grande coalition des raisonnables et des intelligents. Nul doute que ce scénario aura ces promoteurs enthousiastes ! Nous n’en serons pas.
Nous ne sommes pas des adeptes de la troisième voie. Archaïques selon les critères en vogue, nous croyons en la pérennité du clivage droite/gauche. Ringards, nous estimons que la santé d’une démocratie dépend de la possibilité, pour les citoyens, de choisir vraiment entre plusieurs options antagonistes. La politique à l’ancienne ? On appelle ça la démocratie.