S’il y a un dossier d’ordre industriel et politique où l’ironie le dispute à la tragédie, c’est bien celui d’Alstom.
En 2015, « Macron l’Européen » autorise la vente d’Alstom-Énergie à un… Américain, General Electric. En 2017, Bruno le Maire cède Alstom-Transports à l’Allemand Siemens, au nom de l’Europe et « pour faire face à la concurrence chinoise ». Mais c’est la Commission européenne qui l’en empêche aujourd’hui, au nom de la « concurrence libre et non faussée » !
Alstom est le symbole d’une double absurdité.
Absurdité d’une politique d’abandon industriel, où nos dirigeants liquident en quelques années ce que l’État stratège avait mis des décennies à développer.
Absurdité d’une Europe qui pourfend les monopoles et autres géants « en abus de position dominante », sauf quand ils sont Américains ou Chinois.
Alstom est aujourd’hui en situation de faiblesse stratégique.
Par la faute du précédent Gouvernement et de son Ministre de l’Économie devenu Président, Alstom a été amputé de 70% de son chiffre d’affaires, de milliers de brevets industriels et de ses usines françaises de fabrication des turbines, notamment à usage des centrales nucléaires.
Ses salariés, parmi les meilleurs du monde dans ce secteur, ont subi restructurations et suppressions d’emplois. Les promesses de créations de postes de General Electric, trop occupé à verser des dividendes colossaux à ses actionnaires, n’ont jamais été tenues.
Enfin, si les résultats de la branche ferroviaire d’Alstom sont bons et son carnet de commande plein, sa faible capitalisation l’expose à des OPA hostiles. L’État doit donc prendre ses responsabilités et sécuriser l’avenir d’Alstom, de son outil de travail et de ses salariés.
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