« Il faut mettre tous les débats sur la table »

Emmanuel Maurel est interviewé dans l’Humanité le 26 octobre 2012. Futur leader de l’aile gauche du parti, Emmanuel Maurel défend un PS «autonome», qui «s’affirme» et «assume un certain nombre de divergences».

Plus de 27 % des militants socialistes se sont portés sur votre nom à l’élection du premier secrétaire, comment interprétez-vous ce bon résultat, quand la motion 1, dite majoritaire, s’attendait à beaucoup mieux pour Harlem Désir ?

Emmanuel Maurel. Les militants nous ont su gré d’avoir su porter un certain nombre de débats comme la question européenne, la question budgétaire, la question salariale. Et d’avoir « réveillé » le congrès. Ma candidature a incarné l’ancrage à gauche du parti, et le choix d’un parti autonome, qui s’affirme et se renouvelle en profondeur. Ce score donne une indication sur le rôle qu’ont envie de jouer les militants, même si l’on est au gouvernement. De ce point de vue là, ce congrès est sain et intéressant.

Dans le même temps, le premier secrétaire est désigné, la ligne majoritaire est définie, à quoi 
alors sert ce congrès ?

Emmanuel Maurel. Le PS dispose de la majorité dans les principales institutions, et la question que se posent les militants, c’est qu’est-ce que l’on va en faire ? J’ai l’impression que ce qui s’est exprimé dans les urnes, c’est la volonté de mettre les débats sur la table et pas sous le tapis, et d’assumer un certain nombre de divergences. Le débat sur l’Europe n’est pas soldé, de la même façon que le vote sur le TSCG n’éteint pas le débat sur la rigueur. Quand je propose que le PS lance, tout de suite, trois grandes campagnes, sur la loi contre les licenciements boursiers, sur l’égalité salariale ou le droit de vote des étrangers, c’est une proposition faite à tous les socialistes. La ligne alternative que l’on porte c’est la relance, l’investissement productif et les salaires, plutôt que la rigueur. C’est cette petite musique que l’on va continuer à porter. C’est pourquoi je souhaite que le parti mette en place un comité de coordination des forces de la gauche, qu’elles soutiennent le gouvernement ou y participent. Rien dans ce pays ne se fait de façon durable sans l’unité de la gauche et le rassemblement. Ça vaut pour la gauche politique, mais aussi pour la gauche sociale, associative.

Quand le gouvernement s’effraie assez vite d’une envolée de « pigeons », vous désapprouvez ?

Emmanuel Maurel. Quand un quarteron de millionnaires connectés pleurnichent sur la réforme fiscale, le PS aurait dû réagir immédiatement, rappeler que l’on s’est engagé à une vraie réforme fiscale, un rééquilibrage entre fiscalité du travail et du capital. On ne peut pas laisser passer ça, quand, dans le même temps, il y a Florange, PSA, Sanofi et Petroplus. Si le gouvernement a cédé, c’est aussi parce que le parti ne l’a pas aidé à tenir bon. Si le PS est fermé pour cause de gouvernement, on le sait, on va au-devant de grandes déconvenues, on l’a vécu entre 1997 et 2002.

Le courant dont vous êtes issu, Un monde d’avance, n’est-il pas devenu un objet politique non identifié ?

Emmanuel Maurel. Ce qui est clair, c’est que des motions ont été présentées aux militants, qu’elles ont fait un score et qu’elles ont vocation à faire naître un courant. La nôtre a fait la preuve par le vote de son existence politique. Un certain nombre de camarades qui étaient à UMA, pour beaucoup même des amis, ont fait le choix stratégique, parce qu’on était en début de quinquennat, de se retrouver tous ensemble autour d’un texte. Je le respecte, cela n’a pas été le mien, à eux de voir comment faire pour que nos objectifs communs continuent à exister. Les militants doivent être acteurs du changement, pas des commentateurs.

Retrouvez cet article sur le site de l’Humanité.

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